« Stopper la militarisation de l’Allemagne »

Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, avait déclaré le 29 octobre que « l’Allemagne doit se rendre prête à faire la guerre » face à la Russie, provoquant un tollé. Bien qu’il ait tenté de faire marche arrière en affirmant qu’il voulait plutôt dire « prête à se défendre », ses propos reflètent le changement de phase en cours outre-Rhin en direction d’une militarisation totale.

Quelques jours plus tard, Pistorius annonçait le doublement de l’aide militaire à l’Ukraine. On peut cependant distinguer un signe plus direct du danger dans un document stratégique publié le 17 novembre par l’Association allemande de politique étrangère (DGAP), l’organisation sœur du Conseil des Relations extérieures de New York. Ses auteurs, Christian Mölling et Torben Schütz, avertissent que l’OTAN doit être prête à mener une guerre majeure dans un délai de cinq à neuf ans, que l’Alliance est engagée dans une « course contre la montre », car la Russie « représente la menace la plus grande et la plus urgente pour les pays de l’OTAN ».

Et plus loin : « Une fois les combats intenses terminés en Ukraine, six à dix ans pourraient suffire au régime de Moscou pour reconstituer ses forces armées. Dans ce délai, l’Allemagne et l’OTAN doivent rendre leurs forces armées capables de dissuader la Russie et, si nécessaire, de la combattre. Ce n’est qu’à cette condition qu’elles seront en mesure de réduire le risque d’une nouvelle guerre en Europe. »

Est-ce à dire que des soldats allemands seront une fois de plus impliqués dans une guerre contre la Russie, comme il y a 80 ans ? Et dans ce cas, ces « experts » croient-ils vraiment que l’Amérique aura les moyens d’empêcher sa défaite ?

Quoi qu’il en soit, les auteurs veulent voir les forces armées allemandes se transformer en « l’armée la plus forte d’Europe et l’épine dorsale de la défense alliée » et souhaitent que « la défense générale devienne partie intégrante de la vie quotidienne au niveau politique, économique et de la société civile ». Une proposition qui devrait susciter une grande inquiétude chez certains voisins européens.

Helga Zepp-LaRouche a répondu à ces délires dans un tract intitulé « Non à la militarisation de l’Allemagne – Arrêter l’escalade vers la Troisième Guerre mondiale », qui a été distribué lors des rassemblements contre la guerre du 25 novembre et suivants. Elle y dénonce le type de « changement de mentalité dans la société » prôné par les auteurs, qui exigent que l’Allemagne « fasse un pas de géant » pour renforcer la Bundeswehr, développer massivement l’industrie de l’armement et préparer toutes les couches de la société à défendre le pays (notamment en organisant « un stage obligatoire pour tous les individus de 18 à 65 ans vivant en Allemagne, pour leur donner de l’expérience dans des domaines relatifs à la défense totale »).

Au lieu de cette approche folle, qui conduira certainement à une catastrophe, Helga Zepp-LaRouche propose un « changement de mentalité » dans une direction diamétralement opposée. « Nous avons besoin d’un mouvement pacifiste fort et de citoyens souverains, » qui veillent à ce que leur gouvernement s’engage dans une coopération avec le Sud global et « rejette une fois pour toutes la géopolitique ».

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