Le mythe de la surcapacité chinoise démonté

On a commencé par parler de découplage, puis de « réduction des risques », et on appelle maintenant à combattre la « surcapacité ». Quand il s’agit de diaboliser la Chine, les dirigeants américains et européens ne manquent pas de prétextes. C’est ainsi que le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déploré, lors de sa récente visite en Chine, les « pratiques commerciales déloyales » de celle-ci et les conséquences potentielles de sa « surcapacité industrielle » sur les marchés mondiaux et américains. Quelques jours avant lui, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, également en Chine, avait entonné le même refrain, tandis que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a même sermonné le président Xi sur les « surcapacités » chinoises, lors de sa visite en France.

Ces dirigeants transatlantiques s’inquiètent surtout des exportations chinoises dans la catégorie « nouvelles énergies » (véhicules électriques, ou VE, panneaux solaires, etc.) qui, selon eux, envahissent les marchés américains et européens grâce à des subventions publiques. Le terme de surcapacité devrait indiquer un déséquilibre entre la demande (plus faible) et l’offre (plus importante), mais ce n’est pas le cas ici. Au regard de la demande mondiale d’énergie, il y a sous-capacité. En particulier en Afrique, où quelque 600 millions de personnes, pour la plupart en Afrique subsaharienne, n’ont pas accès à l’électricité. Pour assurer l’électrification, ces pays doivent importer la technologie des pays industrialisés.

A une question posée par Xinhua le 30 avril au sujet de cette prétendue surcapacité, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, a répondu fort justement : « L’accusation de ‘surcapacité de la Chine’ peut ressembler à une discussion économique, mais en fait cette accusation repose sur une logique erronée et ignore plus de 200 ans du concept fondamental d’avantage comparatif dans l’économie occidentale. Tous les pays produisent et exportent des produits ayant des avantages comparatifs, et cela est la nature du commerce international. Si un pays doit être accusé de surcapacité et invité à réduire sa capacité chaque fois qu’il produit plus que sa demande intérieure, avec quoi les pays commerceraient-ils ?

« Si l’exportation de 12 % des VE fabriqués en Chine est considérée comme une surcapacité, qu’en est-il de l’Allemagne, du Japon et des États-Unis qui exportent respectivement 80, 50 et 25 % de leurs automobiles ? Cela ne serait-il pas considéré comme une surcapacité plus grave ? (…) Alors que la capacité mondiale reste encore bien inférieure à la demande du marché, comment pourrait-il y avoir une ‘surcapacité’ ? » Et à Lin Jian de conclure : « Il n’y a pas de ‘surcapacité de la Chine’, mais une surcapacité d’anxiété des Etats-Unis… »

Et en effet, les attaques contre la Chine pour « surcapacité » et « concurrence déloyale » sont infondées et motivées par des considérations géopolitiques. Dans le cas des véhicules électriques, les ventes chinoises subissent le même sort que celles des constructeurs automobiles européens. Selon le quotidien Handelsblatt, en mars, le constructeur chinois BYD a vendu 160 VE en Allemagne. Venant s’ajouter aux 139 vendus en janvier et aux 94 en février, BYD aurait « envahi » le marché allemand avec un total de 393 VE au cours du premier trimestre 2024 ! En pourcentage du marché automobile allemand, cela représente un peu plus de… 0 %. Les voitures BYD invendues sont stockées depuis des semaines au port de Bremerhaven. Pour ce qui est des constructeurs allemands de véhicules électriques, leurs ventes ont chuté de 30 % en mars par rapport à l’année précédente. Il est fort probable que le marché potentiel des VE soit déjà saturé et ne restera qu’un « marché de niche ».

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