Le plan d’intégration sud-américaine proposé par Lula pourrait secourir aussi l’Argentine

Depuis son élection à la présidence du Brésil, Lula da Silva s’est imposé comme un défenseur intrépide des nations du Sud. Pour l’Amérique du Sud également, il joue un rôle de premier plan dans les projets de développement. Ses talents diplomatiques se sont à nouveau manifestés le 7 décembre à Rio de Janeiro, lors du sommet des chefs d’État du Marché commun du Sud (Mercosur), un groupe qui n’est pas exempt de fortes frictions internes. A cette occasion, Lula a présenté un grand plan d’infrastructure régionale, comprenant cinq routes principales destinées à mieux relier et intégrer certaines des régions les plus reculées d’Amérique du Sud.

Un financement de 10 milliards de dollars a déjà été confirmé, a-t-il déclaré, provenant de la Banque de développement économique et social du Brésil (BNDES) pour 3 milliards de dollars, de la Banque interaméricaine de développement (BID) pour 3,4 milliards, de la Banque de développement de l’Amérique latine et des Caraïbes pour 3 milliards, les 600 millions restants venant de FONPLATA, une banque détenue par les cinq pays membres du Mercosur (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay). Le président de la BNDES, Aloizio Mercadante, a qualifié cette opération de « plus grand fonds financier de l’histoire de l’intégration sud-américaine et du Mercosur ».

L’un des objectifs des nouvelles routes améliorées, toutes reliées à différentes parties du Brésil, est de faciliter les échanges avec l’Asie, en réduisant le temps de transport des marchandises entre le géant sud-américain et les pays asiatiques.

Une question majeure toutefois se pose à propos de l’Argentine, désormais dirigée par l’instable président libertaire Javier Milei (voir AS 47, 49/23), qui se fait appeler « Milei le tronçonneur ». Le 12 décembre, le nouveau ministre des Finances Luis Caputo, qui occupait déjà ce poste dans le gouvernement conservateur de Macri (2018-19), a annoncé un premier train de mesures d’austérité, véritablement draconien. En tête de sa liste figure une dévaluation de la monnaie de 54 %, qui fixerait le peso à 800 pour un dollar, contre 366 aujourd’hui. En outre, toutes les subventions à l’énergie (électricité, gaz, eau) et aux transports seront supprimées, les taxes sur les importations et les exportations non agricoles seront augmentées et les appels d’offres pour les travaux publics suspendus, tous les projets de ce type devant désormais être pris en charge par le secteur privé. Le nombre de ministères sera réduit de 19 à 9 et des licenciements massifs de personnel sont prévus dans tous les secteurs publics.

Anticipant les troubles sociaux que de telles mesures ne manqueront pas de provoquer, la ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, a annoncé le 14 décembre des mesures visant à réprimer durement la contestation publique et à « assurer l’ordre public ». Les défenseurs des droits de l’homme font valoir que la nouvelle loi violerait le droit constitutionnel à la liberté d’expression et de contestation.

Print Friendly, PDF & Email