Les agriculteurs français en pleine mobilisation

Dès les premières heures du 29 janvier, le « siège de Paris » était engagé, les agriculteurs ayant bloqué les principaux points d’accès à la capitale avec tracteurs, bottes de foin et campements de fortune. Bon nombre d’entre eux prévoient de rester jusqu’au sommet européen de Bruxelles le 1er février. Cette action spectaculaire vient parachever plusieurs semaines de protestations dans tout le pays. Le nouveau Premier ministre Gabriel Attal a offert aux producteurs quelques concessions, telles que des simplifications bureaucratiques, une aide d’urgence, un gel du prix du carburant agricole, ainsi que des mesures contre le dumping des prix pratiqué par les grandes chaînes de supermarchés. Mais les agriculteurs ne réclament pas moins qu’une réforme en profondeur de la politique agricole de l’UE. Les pêcheurs se sont joints très tôt aux manifestations, ainsi que les chauffeurs de taxi dans certaines villes et des chauffeurs routiers.

La mobilisation fait désormais boule de neige. Les syndicats d’enseignants ont appelé à des grèves et à d’autres actions cette semaine, pour obtenir des augmentations de salaire et la fin des suppressions de postes. De son côté, le syndicat CGT du métro parisien (RATP) a annoncé une grève à partir du 5 février, tandis que les travailleurs d’EDF se sont mis en grève le 30 janvier.

Le mouvement Solidarité & Progrès, présidé par Jacques Cheminade, s’est joint aux actions en de nombreux endroits, diffusant un tract intitulé « Nourrir, pas mourir ! Votre révolte est notre bien commun ! » Il propose un certain nombre de mesures à revendiquer, notamment :

1) Convaincre la majorité de nos citoyens qu’on peut et qu’on doit refaire de l’agriculture un grand métier d’avenir, en unissant producteurs et consommateurs contre les manipulations financières. Sortir du pessimisme par l’enthousiasme d’un projet !

2) Exiger une nouvelle architecture financière et monétaire internationale afin d’ôter le pouvoir à l’oligarchie et redonner priorité à un développement mutuel, dont l’agriculture doit être le pilier.

3) Arrêter les agro-holdings qui nous écrasent sous prétexte de concurrence « libre et non faussée » ou de philanthropie hypocrite. Par exemple, il ne faut pas laisser leurs céréales ukrainiennes nous envahir, au bénéfice non pas du peuple ukrainien mais des financiers qui là-bas contrôlent la terre !

4) Arrêter la libre importation de produits étrangers qui ne respectent pas nos conditions de production : on trouve du lait en poudre néo-zélandais dans nos produits, alors que nos producteurs laitiers peinent à survivre ! Il faut mettre fin aux traités de « libre-échange » et conclure des accords bilatéraux dans un intérêt mutuel.

5) Interdire aux banques la spéculation sur ce qui se boit et se mange.

6) Multiplier les circuits courts afin de couper les ailes aux vautours financiers.

7) Organiser un moratoire et une restructuration de la dette des agriculteurs.

8) Fournir aux producteurs les moyens financiers nécessaires pour accéder aux productions technologiques les plus avancées, à condition de leur assurer l’obtention de marchés à moyen et long terme pour leurs productions.

« Ce sont là des pistes. L’essentiel est que nos agriculteurs aient un juste prix de parité, qui leur permette de vivre bien et de financer leurs investissements sans être étranglés par leurs prêteurs. C’est aussi que les agriculteurs du monde ne soient pas opposés les uns aux autres dans un Far West financier sous contrôle de shérifs véreux. (…) »

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