L’Allemagne suit l’OTAN en pilotage automatique

Pour l’heure, la politique étrangère allemande semble avoir écarté toutes les options diplomatiques pour résoudre le conflit ukrainien, y compris la proposition chinoise. Ainsi, au moment de l’arrivée du président Zelensky à Berlin le 14 mai, le gouvernement a annoncé la plus importante livraison d’armes jamais effectuée à Kiev, se montant à quelque 2,7 milliards d’euros.

La liste comprend 20 véhicules de combat Marder supplémentaires, 30 chars Leopard-1 A5, 18 obusiers mobiles, 15 chars antiaériens Gepard, 200 drones de reconnaissance, etc. Peu avant cette annonce, le chancelier allemand Olaf Scholz avait dénoncé la célébration à Moscou du 9 mai, marquant la fin de la Deuxième Guerre mondiale, comme un grand spectacle de propagande, tout en assurant à l’Ukraine « toute l’assistance nécessaire ». Par ailleurs, le 14 mai, la ville d’Aix-la-Chapelle a décerné à Zelensky le prestigieux prix Charlemagne pour « ses efforts exceptionnels en défense des valeurs européennes ».

En plus de la Russie, le gouvernement allemand est de plus en plus hostile à la Chine, comme en témoigne l’affrontement ouvert entre la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock (des Verts) et son homologue chinois Qin Gang, à l’issue de leur rencontre du 9 mai à Berlin. Mme Baerbock a exprimé son désaccord total avec le point de vue chinois sur l’Ukraine, sommant Beijing de renoncer à sa neutralité (ainsi qu’à son initiative de paix) et de ne pas livrer d’armes à la Russie – sous peine de sanctions.

Qin Gang a rappelé à son tour que la Chine est une nation souveraine, n’acceptant aucune « ingérence étrangère » dans ses affaires intérieures. Il s’est également opposé à d’éventuelles sanctions européennes contre des entreprises chinoises, qui ne resteraient pas sans conséquences.

Lors de sa visite en Chine trois semaines auparavant, Annalena Baerbock s’était montrée délibérément provocatrice en sermonnant sur les droits de l’homme et la démocratie, amenant son homologue chinois à affirmer lors de leur conférence de presse conjointe que « ce dont la Chine a le moins besoin, c’est d’un maître d’école venu de l’Ouest ».

Cependant, en Allemagne même, l’opposition à la politique va-t-en-guerre des Verts est en pleine croissance, y compris parmi leur propre base, comme on l’a vu lors des élections du 14 mai au parlement de Brême. Le parti vert a perdu près d’un tiers de ses électeurs pour plonger à seulement 11,9 % des voix. Parmi les jeunes électeurs, bastion traditionnel du parti, il a perdu 14 %.

En ce concerne le gouvernement fédéral, au sein duquel les Verts contrôlent les puissants ministères des Affaires étrangères et de l’Économie, il aurait très peu de chances de remporter des élections si elles se tenaient aujourd’hui. Et s’il continue de rejeter les initiatives diplomatiques en cours pour mettre fin à la guerre en Ukraine, il risque de subir un atterrissage très dur sur un terrain défavorable.

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