Ignominie : les États-Unis refusent l’adhésion de la Palestine à l’ONU

Le 18 avril, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est exprimé sur la demande de la Palestine de devenir un État membre à part entière de l’ONU. L’écrasante majorité, 12 nations de toutes les parties du monde (Algérie, Chine, Corée, Équateur, France, Guyane, Japon, Malte, Mozambique, Russie, Sierra Leone et Slovénie) ont voté pour et deux pays se sont abstenus, la Grande-Bretagne et la Suisse. Les États-Unis ont été la seule voix contre, condamnant ainsi la demande par leur veto.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a ouvert le débat en lançant cette sévère mise en garde : « Le Moyen-Orient est au bord du précipice. Ces derniers jours, nous avons assisté à une dangereuse escalade — en paroles et en actes. Une erreur de calcul, une erreur de communication, une erreur tout court, risquent de conduire à l’impensable — un conflit régional à grande échelle, dévastateur pour toutes les parties concernées et pour le reste du monde. (…) Il est grand temps de mettre fin au cycle sanglant des représailles. »

Plus de 40 représentants de nations ou d’organismes internationaux ont ensuite pris la parole. Nombre d’entre eux ont exprimé les mêmes préoccupations que le Secrétaire général, identifiant comme première cause du danger le refus, depuis plus de 75 ans, de permettre la création d’un État palestinien souverain. La nécessité de redresser cette injustice a dominé le débat, malgré la tentative des États-Unis, appuyés par la Grande-Bretagne, de désigner l’Iran comme l’ennemi.

La colère à l’égard de Washington était évidente, même si peu de personnes ont mentionné nommément les États-Unis. La Chine, la Palestine et l’Espagne ont appelé à convoquer d’urgence une conférence internationale de paix pour la région, mais c’est le ministre brésilien des Affaires étrangères, Mauro Vieira, qui a soulevé le concept crucial autrement absent du débat : le développement économique. Selon lui, « des investissements à grande échelle dans le développement économique et les infrastructures seront essentiels pour garantir à la Palestine la prospérité et la stabilité à long terme que mérite son peuple résilient. Le développement durable et l’autonomie économique sont les piliers de tout règlement de paix durable. » Cette proposition fait écho à l’approche du Plan Oasis de LaRouche (voir ci-dessus).

Autre manifestation du désaveu cinglant de l’« ordre fondé sur des règles » imposé par l’Occident, le 17 avril, une déclaration commune rédigée par la mission américaine auprès de l’ONU, condamnant l’Iran pour son « attaque contre l’État d’Israël », n’a pu recueillir que 48 signataires (sur 193 États membres), dont seulement huit n’appartiennent pas au bloc occidental. « Cela raconte l’histoire humiliante de l’isolement des États-Unis à l’ONU », commentait, le lendemain, l’ambassadeur indien à la retraite M.K. Bhadrakumar, rappelant que « l’Iran n’a pas attaqué Israël. Il n’a fait que riposter à une attaque flagrante d’Israël contre sa souveraineté, en violation du droit international et de la Charte des Nations unies [destruction de son ambassade à Damas], ce qui équivaut à un acte de guerre ».

Nous noterons enfin que le 18 avril, le Conseil de sécurité des Nations unies a tenu un débat sur la demande d’Israël de dissoudre l’Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) pour cause d’infiltration par le Hamas. Aucun membre du Conseil de sécurité ne l’a soutenue, pas même les États-Unis, qui s’inquiètent quand même de leur isolement grandissant dans le monde.

Comme le directeur de l’agence, Philippe Lazzarini, l’a clairement indiqué au Conseil de sécurité, la dissolution de l’UNRWA ne ferait qu’aggraver la crise humanitaire à Gaza et accélérer la propagation de la famine. Il a accusé la communauté internationale de vouloir contenir le conflit plutôt que de le résoudre, ajoutant que lorsqu’un État palestinien sera établi, capable d’assurer l’éducation, les soins de santé et l’aide sociale, le rôle de l’UNRWA disparaîtra.

Par ailleurs, l’enquête des Nations unies sur les accusations d’Israël, présidée par l’ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a publié son rapport le 22 avril. Il conclut qu’Israël n’a apporté aucune preuve de liens entre des collaborateurs de l’UNRWA à Gaza et des organisations terroristes. Nous ajouterons qu’on peut donc espérer que les pays occidentaux, qui s’étaient empressés en février d’interrompre leur financement à l’Office, le rétablissent sans tarder…

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