La lassitude de la guerre s’installe, alors que les économies occidentales sombrent dans le chaos

Un basculement potentiel se profile dans la situation stratégique autour de la guerre en Ukraine et des relations entre les Etats-Unis et la Russie. L’affaiblissement des capacités côté ukrainien, le retrait tactique de Kherson des forces russes et le coût du conflit pour l’Occident offrent une petite chance d’entamer des négociations, à condition que le président Zelensky accepte de faire certaines concessions.

La nécessité d’éviter une défaite dévastatrice pour l’Ukraine et l’OTAN se reflète dans les propos du chef de l’état-major américain, le général Mark Milley. Le 9 novembre, devant l’Economic Club de New York, il a déclaré qu’il existe « une fenêtre d’opportunité pour la négociation », mais que Moscou et Kiev devaient toutes deux reconnaître qu’« une victoire n’est probablement pas réalisable par des moyens militaires et qu’il faut donc se tourner vers d’autres moyens ». Le général Milley a répété ces propos à d’autres occasions, reflétant un consensus parmi les militaires, y compris en Europe.

Sur le plan social et économique, le prix à payer pour faire la guerre à la Russie devient inacceptable. Ainsi, Washington subit une pression croissante de la part de ses alliés européens. Selon l’édition américaine de Politico, « des responsables américains basés en Europe avertissent en interne leurs collègues à Washington que certains pays dont la population soutient la Russie sont de plus en plus fâchés par les sanctions et accusent les États-Unis d’être responsables de la hausse des coûts. Ce sentiment pourrait faire pression sur les dirigeants européens pour qu’ils cessent de soutenir les sanctions, indiquent des responsables dans des rapports internes diffusés parmi l’administration [Biden] ces derniers jours. »

Ceci dit, Volodymyr Zelensky est, de facto, l’otage d’une faction nationaliste extrémiste et néonazie et des forces internationales qui la contrôlent, notamment depuis Londres. Il est donc à prévoir que les forces britanniques, qui sont responsables des provocations antérieures contre la Russie (explosion sur le pont de Crimée, attaque contre la flotte à Sébastopol, tirs de missiles sur le territoire russe), tentent de saboter les efforts de paix au moyen d’autres coups tordus ou d’incidents.

Que les efforts pour organiser des pourparlers aboutissent ou non, l’Ouest devra faire face à un autre cataclysme, avec le tsunami financier qui se profile en raison de la politique des banques centrales. L’Europe est aux prises avec un taux d’inflation inacceptable et une contraction économique brutale, entraînant l’émergence d’une résistance populaire dans de nombreux pays. Les effets sont bien plus dramatiques encore dans le secteur en voie de développement, où l’ingouvernabilité menace. Tout ceci plaide pour une nouvelle architecture économique, reposant sur des projets d’infrastructure à grande échelle. Lors de la réunion entre les présidents Biden et Xi en Indonésie, la veille du sommet du G20, le dirigeant chinois a appelé les deux pays à coopérer pour s’attaquer à ces problèmes économiques et sécuritaires (voir ci-dessous).

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