La « Global NATO » veut se faire aussi grosse que le monde

En dépit du carnage provoqué, les dirigeants de l’« OTAN globale » promettent de faire durer la guerre en Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra » (dixit Jens Stoltenberg le 6 mars), tout en se targuant de mater la Chine dans l’Indo-Pacifique. En réalité, le monde occidental perd rapidement de son ascendant, comme vous avez pu le lire dans nos colonnes.

Cela s’est manifesté de manière éclatante lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20, les 1er et 2 mars en Inde, qui s’est terminée sans communiqué final du fait que les Etats-Unis et les autres pays membres du G7 exigeaient qu’il dénonce la Russie et défende l’Ukraine. En revanche, pour le Premier ministre indien Modi et d’autres participants, la priorité était de se concentrer sur les problèmes de développement des pays les plus vulnérables. Puis, le lendemain, lors de la réunion du « Dialogue quadrilatéral sur la sécurité » (le QUAD, regroupant les Etats-Unis, le Japon, l’Australie et l’Inde), sans se laisser intimider, le gouvernement indien a refusé de signer toute déclaration attaquant la Russie.

Resté à Delhi pour participer au prestigieux dialogue de Raisina le 3 mars, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, a fustigé l’hypocrisie des attaques de l’Occident contre Moscou, qui critique la Russie pour ce que l’OTAN fait ouvertement. Lorsqu’un journaliste hostile lui a reproché l’opération militaire en Ukraine, il a énuméré les multiples guerres menées par l’OTAN au cours des dernières décennies. « Vous pensez que les États-Unis ont le droit de déclarer qu’une menace pèse sur leurs intérêts nationaux où que ce soit sur Terre, comme ils l’ont fait en Yougoslavie, en Irak, en Libye et en Syrie, à 10 000 miles de l’autre côté de l’océan Atlantique – on ne leur pose aucune question là-dessus. » Mais tout le monde feint de ne pas comprendre pourquoi la Russie réagit à un danger à ses frontières.

Nous pourrions citer de notre côté d’autres exemples de l’hypocrisie qui caractérise « l’ordre fondé sur des règles ». Les forces armées américaines occupent encore une partie clé de la Syrie, prétendument pour protéger les Kurdes contre les autorités autocratiques de Damas (voir ci-dessous). Mais qu’en est-il de la Russie qui protège les habitants de Donetsk et de Lougansk contre la guerre civile menée par Kiev, comme le prévoient les accords de Minsk ? Et qu’en est-il de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie ?

La Grande-Bretagne prétend que les îles Malouines ne peuvent être rendues à l’Argentine parce que les habitants ont choisi de rester britanniques. Les habitants de la Crimée et des provinces orientales de l’Ukraine n’ont-ils pas, eux aussi, le droit de se prononcer sur leur propre avenir ?

L’OTAN proclame que le terrorisme international doit être combattu et puni, mais cherche-t-elle à poursuivre ceux qui ont saboté les gazoducs Nord Stream ? Sans parler de la défense inconditionnelle du libéralisme et de l’ouverture des marchés, sauf lorsque cela profite à la Chine…

Cette duplicité n’a pas échappé aux pays du Sud. C’est pourquoi ils se tournent de plus en plus vers d’autres forums internationaux, tels que les BRICS Plus, et se bousculent pour rejoindre l’Initiative une ceinture, une route de la Chine. Au lieu de chercher l’affrontement, l’Europe et les États-Unis feraient mieux de rejoindre ce nouveau paradigme. Le mouvement populaire contre la guerre et contre l’OTAN qui se met en place est un pas dans la bonne direction.

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