George Galloway et la défaite de la classe dirigeante britannique

Militant anti-guerre éprouvé, George Galloway a remporté une victoire écrasante le 29 février lors d’une élection parlementaire partielle à Rochdale, près de Manchester. Candidat du petit Parti des travailleurs, il avait surtout fait campagne pour arrêter le soutien du Royaume-Uni au génocide israélien dans la bande de Gaza.

« Ceci [ma victoire] est pour Gaza », a-t-il déclaré dans son discours de victoire, puis s’adressant à Keith Starmer, chef du parti travailliste : « Vous paierez le prix fort pour le rôle que vous avez joué en permettant, en encourageant et en couvrant la catastrophe qui se déroule actuellement dans la bande de Gaza occupée. (…) Ceci va provoquer un raz-de-marée, un déplacement des plaques tectoniques dans de nombreuses circonscriptions parlementaires, à commencer par ici, dans le nord-ouest », avant de s’étendre à tout le pays, a-t-il averti. Longtemps responsable du Parti travailliste, George Galloway en a été exclu en 2003 pour avoir fustigé le Premier ministre de l’époque, Tony Blair, pour son rôle dans la guerre frauduleuse en Irak.

S’inscrivant dans la continuité des manifestations de masse qui se déroulent outre-Manche depuis des mois contre le bain de sang à Gaza et le soutien du gouvernement britannique à Netanyahu, cette victoire de Rochdale envoie effectivement un message choc aux deux principaux partis, conservateur comme travailliste.

Le Premier ministre conservateur Rishi Sunak a qualifié l’élection de Galloway de « plus qu’alarmante ». Interrogé à ce sujet par un journaliste de Sky News, le député nouvellement élu a répondu que « le petit Rishi Sunak en est aux derniers jours de son mandat de Premier ministre. Ne m’en parlez pas comme s’il était descendu du Mont avec des tablettes de pierre, ou comme si ce qu’il dit était censé m’impressionner. Cela vous impressionne peut-être, mais pas moi. » Alors qu’on lui demandait s’il n’avait aucun « respect » pour le Premier ministre, Galloway répondit : « Je méprise le Premier ministre. » Après avoir prêté serment le 4 mars, le nouveau député s’est engagé à chasser du Parlement bon nombre de députés travaillistes, lors des prochaines élections législatives.

Dans un article de Consortium News intitulé « Panique dans la classe dirigeante », l’ancien ambassadeur britannique et défenseur des droits de l’homme, Craig Murray, analyse la tentative des dirigeants politiques britanniques d’étouffer toute opposition à leurs politiques consensuelles. Il rappelle que Sunak avait dénoncé l’élection de Galloway comme une attaque contre les « valeurs britanniques », voire contre la démocratie elle-même. « L’idée que la démocratie – c’est-à-dire le fait de voter pour quelqu’un – est une attaque contre la démocratie est si absurde, commente Murray, que si nous avions des médias indépendants, ils l’auraient ridiculisée à mort. » Mais au contraire, on nous assène que « les formes ordinaires d’activité démocratique – liberté de réunion, liberté d’expression et liberté de vote – menacent notre société. (….). La classe politique est prise de panique et frappe de tous côtés. » Il est même question d’interdire les rassemblements pro-palestiniens ou d’interdire le Conseil musulman de Grande-Bretagne et l’Action pour la Palestine.

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