Vu de Suisse : les planificateurs de la guerre à Washington

Le Conseil national de sécurité américain héberge un groupe de travail inter-agences baptisé « Tiger Team », qui planifie le conflit actuel en Ukraine depuis au moins novembre dernier. C’est ce que révèle l’expert en sécurité Jacques Baud, un ancien colonel de l’armée suisse, dans une longue interview accordée au site Zeitgeschehen im Fokus. Il donne une analyse détaillée de la crise en cours et de la politique antirusse de l’OTAN, faisant le parallèle entre les intentions actuelles de l’administration Biden et les mensonges invoqués à l’époque par l’administration Bush pour justifier la guerre contre l’Irak.

« Depuis le début de février, rappelle Jacques Baud, les États-Unis n’ont cessé de répéter que les Russes étaient sur le point d’attaquer et ont diffusé des scénarios d’attaque. Antony Blinken a ainsi pris la parole devant le Conseil de sécurité de l’ONU pour expliquer comment l’attaque russe allait se dérouler, selon les informations fournies par les services de renseignement. Cela rappelle la situation de 2002-2003, avant l’attaque contre l’Irak. Là aussi, on s’était soi-disant appuyé sur l’analyse des services de renseignement. Ce n’était pas le cas, car la CIA n’était pas convaincue de la présence d’armes de destruction massive en Irak. Rumsfeld ne s’appuyait donc pas sur la CIA, mais sur un petit groupe confidentiel… »

Pour l’Ukraine, « Blinken a fait exactement la même chose. On constate d’ailleurs l’absence totale de la CIA et des services de renseignements occidentaux dans toute la discussion qui a précédé l’offensive russe.  Tout ce que Blinken a raconté provenait d’une ‘Tiger Team’ qu’il a lui-même mise sur pied, au sein de son département. Ces scénarios qui nous ont été présentés ne provenaient donc pas d’une analyse de renseignement (…) [mais] de soi-disant experts qui ont inventé un scénario avec des vues politiques. C’est ainsi qu’est née la rumeur selon laquelle les Russes allaient attaquer. Joe Biden a affirmé être sûr que les Russes allaient attaquer le 16 février. Lorsqu’on lui a demandé comment il le savait, il a répondu que les États-Unis disposaient de bonnes capacités de renseignement, mais il n’a cité ni la CIA ni le Service de renseignement national. »

Or, au lieu d’une attaque russe le 16 février, poursuit Jacques Baud, « on a constaté ce jour-là une augmentation extrême des violations du cessez-le-feu par l’armée ukrainienne, le long de la ligne de cessez-le-feu, la fameuse ligne de contact ». Ces violations ont été observée et documentées par la mission de l’OSCE dans le Donbass. « Il s’agissait certainement de la phase initiale d’une offensive contre le Donbass. » Par la suite, lorsque le président Zelensky a annoncé le 19 février, à la conférence de Munich, son souhait d’acquérir des armes nucléaires, « le voyant rouge s’est allumé » à Moscou. C’est alors que l’opération militaire a été décidée.

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