Une mission de la paix « historique » menée par des Africains

Avec la visite d’une délégation de haut niveau à Kiev et à Saint-Pétersbourg du 16 au 18 juin, l’Afrique a fait son entrée sur la scène de la diplomatie internationale. Cette visite est historique, car c’est la première fois que des dirigeants africains s’engagent dans une mission de paix en dehors du continent. Il est indéniable que le conflit en Ukraine frappe durement l’Afrique, ne serait-ce qu’à cause la flambée des prix alimentaires et énergétiques.

La délégation était composée de sept dirigeants : le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le président des Comores et président en exercice de l’Union africaine Azali Assoumani, le président sénégalais Macky Sall, le président zambien Hakainde Hichilema, le Premier ministre égyptien Mostafa Madbouly, l’envoyé spécial du président de la République du Congo Florent Ntsiba et l’envoyé spécial du président de l’Ouganda Ruhakana Rugunda.

Les détails de la proposition de désescalade et de négociations qu’ils ont présentée n’ont pas été rendus publics, mais ils n’étaient apparemment pas du goût du président Zelenskyy, qui a déclaré après la réunion, selon Reuters, qu’il estimait inutile leur voyage à Moscou. Pendant leur séjour dans la capitale ukrainienne, on les a soudainement fait mettre à l’abri de prétendus « missiles russes » à l’approche, mais le porte-parole de Cyril Ramaphosa a précisé par la suite qu’ils n’avaient entendu aucune explosion ni vu quoi que ce soit d’anormal.

En outre, les autorités polonaises ont empêché certains membres de la sécurité du président sud-africain de débarquer de leur avion, au motif que leur permis de port d’armes n’était pas en règle. Après dix heures d’attente à bord de l’avion, ils ont finalement été autorisés à quitter l’aéroport.

Le 17 juin, la délégation s’est rendue à Pétersbourg, où elle a été reçue, entre autres, par Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Le président russe a profité de l’occasion pour leur montrer, pour la première fois en public, le projet d’accord de paix qui avait été négocié à Istanbul entre la Russie et l’Ukraine en mars 2022 et signé par les deux parties. (L’Ukraine a renié l’accord peu après, après la visite du Premier ministre britannique de l’époque, Boris Johnson, et l’OTAN a commencé alors à promettre des quantités illimitées d’armes, de renseignements et d’argent aux forces ukrainiennes).

De retour en Afrique du Sud, le président Ramaphosa a précisé le 19 juin que la délégation avait évoqué la nécessité d’un approvisionnement stable en céréales via la mer Noire. « L’un des points de la proposition pacifique avancée par les dirigeants africains est l’ouverture de la livraison de céréales en provenance de Russie et d’Ukraine vers les marchés mondiaux via la mer Noire, a-t-il déclaré. La Russie et l’Ukraine sont d’importants fournisseurs de céréales et producteurs d’engrais destinés aux marchés africains. Selon la Banque africaine de développement, le conflit a entraîné une pénurie d’environ 30 millions de tonnes de céréales sur le continent africain, ainsi qu’une forte hausse de leur prix. A cause du conflit, les pays africains souffrent de l’augmentation des prix de la nourriture et de l’énergie. »

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