UE et crise migratoire : la solution s’appelle Transaqua

Une « méga-crise politique sur la migration », pour citer la vice-présidente de la Commission européenne Margareta Schinas, menace d’éclater entre la France et l’Italie au sujet des migrants illégaux. Après le refus de l’Italie de laisser accoster certains navires d’ONG, qui se sont ensuite dirigés vers des ports français, le gouvernement français a accusé les Italiens de violer les accords de l’UE, avant de prendre des mesures de rétorsion, dont la suspension de l’accord de répartition et de l’accord de Schengen avec l’Italie. De là, la dispute s’est rapidement envenimée.

Malgré les efforts du président Sergio Mattarella pour apaiser la controverse, lors d’un appel téléphonique avec Emmanuel Macron, et malgré les réunions entre les ministres des Affaires étrangères italien et français, aucun des deux camps ne semble disposé à faire marche arrière.

Sachant que le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, avait appelé naguère à un « plan Marshall » pour l’Afrique afin d’attaquer le problème à la racine, et que Giorgia Meloni elle-même avait proposé il y a deux semaines que l’Italie commémore le 60ème anniversaire de la mort d’Enrico Mattei en promouvant « un plan Mattei pour l’Afrique », c’est effectivement cela qui devrait figurer au centre des délibérations de l’UE sur la question des migrants.

En fait, le « plan Mattei » existe déjà, sous la forme du projet Transaqua pour l’Afrique centrale, pour lequel l’Italie s’était engagée en 2018 à financer une étude de faisabilité. Comme l’a expliqué l’un des architectes du projet, Andrea Mangano, lors du webinaire de l’Institut Schiller du 12 novembre (voir ci-dessous), le plan de transfert de l’eau du bassin du Congo vers celui du lac Tchad résoudrait la crise existentielle de 50 millions de personnes dans la région, éliminant ainsi l’une de leurs principales raisons de fuir la région.

Et ce n’est pas tout : les emplois générés par le projet Transaqua, qui prévoit la construction d’une douzaine de barrages rien qu’en République centrafricaine, attireraient des personnes qui seraient autrement tentées d’émigrer vers l’Europe dans l’espoir d’y trouver un emploi. En 2018, la prise en compte de ces facteurs avait convaincu le gouvernement italien de parrainer le projet lors de la conférence internationale sur le lac Tchad à Abuja, qui avait adopté Transaqua comme seule solution envisageable pour stopper l’assèchement du lac Tchad.

Après quatre ans de tergiversation, le concept revient, le ministre nigérian de l’Eau ayant annoncé une initiative pour faire financer une étude de faisabilité par la Banque de développement africaine (voir AS 44/22).

L’UE perd actuellement des milliards d’euros à financer un réarmement pour la guerre en Ukraine ainsi qu’une « transition verte » autodestructrice. En investir une partie en Afrique permettrait d’inverser la crise migratoire. Comme l’a déclaré le physicien Ivar Giaever, lauréat du prix Nobel, dans une interview à La Verità, « nous devrions tous être inquiets car les millions de réfugiés qui traversent la Méditerranée fuient la pauvreté, pas le réchauffement climatique. Nous aurions tous dû réclamer des accords de Paris pour aider ces gens à sortir de la pauvreté, non pas pour leur fournir des parcs solaires et éoliens presque inutiles. »

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