Tchad : le décès du Président Déby risque de déstabiliser toute la région

Le 20 avril, quelques jours seulement après sa réélection, le président tchadien Idriss Déby est décédé des suites de blessures reçues lors d’un combat avec des rebelles dans le nord du pays. L’offensive des rebelles devrait avoir des implications bien au-delà du Tchad, qui se situe au centre de la partie septentrionale de l’Afrique, entouré de pays instables.

Pour répondre à la question « à qui profite le crime ? », on pourrait établir une liste de pays et de forces impliqués depuis une décennie dans des coups d’État en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Cette liste cadrerait sans doute avec celles des pays et des forces qui s’opposent au Transaqua, le projet visant à renflouer le lac Tchad, que le président Déby avait soutenu à nouveau peu avant son décès (voir AS 15/21).

Jadis, les groupes rebelles tchadiens faisaient partie de la galaxie de milices et de terroristes djihadistes soutenus par le Qatar et la Turquie, impliqués en Libye et ailleurs dans la région. Ils sont désormais redéployés dans le cadre d’une stratégie visant à contrer à la fois l’initiative chinoise la Ceinture et la Route et le renforcement de la coopération économique avec la Russie. Outre le Tchad, ils ont dans le collimateur la République centrafricaine (RCA), autre pays clé, avec la République démocratique du Congo, pour le projet Transaqua.

Dans ce contexte, il est utile d’étudier un document préparé par des géopoliticiens britanniques du Royal United Services Institute, publié le 12 février, sous le titre Stratégie de la Russie en République centrafricaine, qui affirme que Moscou utilise sa présence en RCA comme « un tremplin pour étendre son influence en Afrique centrale » (https://rusi.org/commentary/russia-strategy-central-african-republic).

A la demande du président Touadera, la Russie a récemment augmenté de 300 le nombre de ses conseillers présents en RCA sous mandat onusien. Ils ont pour mission d’aider le gouvernement à combattre les groupes ayant refusé d’adhérer à l’accord de Khartoum entre le gouvernement et les groupes d’opposition. Le document du RUSI accuse que la Russie de déployer sa diplomatie pour contrer l’influence de longue date de la France dans ce pays.

Par ailleurs, Moscou a renforcé ses relations avec la République démocratique du Congo (RDC) et envisage d’y entreprendre des projets d’infrastructure à grande échelle. Elle s’oppose en outre à toute ingérence extérieure dans les crises sécuritaires au Burundi et au Cameroun.

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