Taiwan : Nancy Pelosi et le parti de la guerre jouent avec le feu

La visite à Taïwan, le 2 août, de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, accompagnée de cinq députés américains, pousse incontestablement le monde vers une nouvelle guerre mondiale. La décision de rencontrer des responsables taïwanais a été prise en violation flagrante de la « politique d’une seule Chine » officiellement soutenue par Washington et en dépit des mises en garde solennelles de Beijing contre toute ingérence dans les affaires intérieures de la Chine.

En représailles, les autorités chinoises ont aussitôt annoncé des mesures économiques contre Taïwan, ainsi que plusieurs jours d’exercices et de manœuvres militaires dans six zones aux alentours de l’île. A noter que des navires de guerre américains patrouillent dans cette région depuis de longs mois en y organisant des exercices délibérément provocateurs.

Le 28 juillet, au cours d’un long entretien téléphonique entre les présidents Xi Jinping et Joe Biden, à la demande de ce dernier, le dirigeant chinois avait explicitement averti, à propos de la visite envisagée, que « ceux qui jouent avec le feu périront par le feu ». Selon la Maison Blanche, le président Biden a assuré son homologue de l’engagement de son administration envers la politique d’une seule Chine, et le Pentagone aurait demandé aux députés à ne pas se rendre à Taipei pour des raisons de sécurité. Néanmoins, pendant qu’elle s’y trouvait, l’arrogante Nancy Pelosi a proclamé qu’elle était là pour « protéger la démocratie contre l’autocratie » et défendre les forces séparatistes contre Beijing.

Ainsi, tout en faisant la guerre à la Russie autour de l’Ukraine, Washington fait dangereusement monter les tensions avec un adversaire encore plus puissant de « l’ordre fondé sur les règles » occidental.

Mike Billington, de l’EIR, a abordé cette question le 1er août avec l’ancien ambassadeur américain Chas Freeman. Pour cet expert confirmé de la Chine, la visite de Mme Pelosi constitue un « acte d’irresponsabilité extrême ». Plutôt que de renforcer la sécurité de Taïwan, « elle risque de l’aggraver, de la menacer et de conduire à une escalade des tensions dans le détroit de Taïwan ». On ne sait pas comment les Chinois riposteront, reconnaît-il, mais « ils ont beaucoup, beaucoup d’options, politiques, économiques et militaires. Il est clair que la présidente de la Chambre s’est mise dans une position où elle ne pouvait pas ne pas s’y rendre. Elle a également mis Taiwan dans une position où il ne pouvait pas ne pas l’accueillir. Et elle a mis le gouvernement chinois dans une position où il ne pouvait pas ne pas répondre par l’escalade. La triste réalité, c’est que la Maison-Blanche et les militaires à Washington considèrent tous que ce voyage est plus dommageable qu’utile. Mais la Maison-Blanche n’a pas eu le courage de bloquer le voyage de Mme Pelosi. »

Concernant les parallèles possibles entre les provocations autour de l’Ukraine et de Taïwan, l’ancien ambassadeur a déclaré : « Je pense que la question de l’Ukraine et celle de Taïwan ont ceci en commun que la principale leçon à tirer de ce qui s’est passé en Ukraine, c’est que si vous bravez les objections à vos actions, exprimées avec force par une grande puissance, vous le faites à vos risques et périls, et aux risques et périls de ceux que vous prétendez protéger. La Russie a été provoquée pour faire ce qu’elle a fait en Ukraine, ce qui ne justifie pas pour autant ce qu’elle y a fait. C’était injustifié, mais provoqué. Une possibilité similaire existe dans le cas de Taïwan. »

Quoi qu’il en soit, Chas Freeman estime que le gouvernement chinois ne réagira pas à la hâte mais formulera d’abord ses objections pour ne pas avoir « recours à la force » avant d’être certain de réussir. L’intégralité de l’entretien avec l’ambassadeur Freeman est disponible ici.

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