Suisse, Italie : la séparation des banques fait son chemin

La débâcle du Crédit suisse remet sur la table la nécessité d’instaurer une séparation stricte entre banques commerciales et banques d’affaires en Europe. En Suisse, la coalition multipartite ayant fait campagne pour cela, en 2009-2014, se remet en place, tandis que le principal parti italien (Frères d’Italie – FdI) propose une loi en ce sens.

La proposition de loi en question, déposée par Tommaso Foti et 14 de ses collègues, prévoit une modification de la « loi bancaire et du crédit » pour couper les banques en deux.

Selon un correspondant de Reuters ayant eu connaissance du texte, non encore divulgué au public, il s’agit d’une photocopie du texte déposé en 2018 par Giorgia Meloni elle-même, à l’époque députée et aujourd’hui Première ministre, même si Foti affirme qu’elle n’a pas été consultée.

Le FdI dispose de neuf voix sur les 26 de la commission des Finances, mais il est probable que quelques membres de la Lega et du M5S soutiendront la mesure, ce qui serait suffisant pour la présenter au vote de l’hémicycle.

En Suisse, le coprésident des sociaux-démocrates (PS), Cédric Wermuth, a appelé à la séparation des banques et à la création d’une banque fédérale suisse sur le modèle des banques cantonales. Créées il y a environ 200 ans dans le but de fournir du crédit à la communauté, ces dernières, à l’instar de toutes les banques commerciales, ont dégénéré depuis.

Lors d’une interview accordée le 31 mars à CH Media, Cédric Wermuth a proposé d’élargir Postfinance, une banque fédérale appartenant à la Poste nationale, « pour en faire une banque de PME, bénéficiant d’une garantie publique de l’État ». L’agence fédérale de surveillance Finma devrait veiller à ce que la nouvelle banque ne se livre pas à la spéculation, en éliminant les produits spéculatifs impliquant le trading pour compte propre et la vente à découvert. « Il faut fermer le casino », a-t-il déclaré.

Selon certaines sources, l’Union démocratique du centre (UDC) soutiendra la proposition du PS, mais les démocrates-chrétiens et les libéraux s’y opposent, et ils détiennent une majorité de blocage au Conseil des Etats, la chambre haute où siègent les représentants élus par les cantons. En 2014, après son adoption par le Conseil national (la chambre basse), la proposition de loi sur la séparation des banques avait été rejetée par le Conseil des États. Ce sera donc un combat difficile, mais qui devrait inspirer d’autres nations.

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