Quelle démocratie en Ukraine ? Le recours du PSPU

Le grand absent de toute la discussion sur « la défense de la démocratie en Ukraine », que ce soit aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou dans l’UE, est la réalité de la situation sur place : les gouvernements au pouvoir depuis le putsch de 2014 ont tenté de faire taire toute opposition nationale, en faisant fermer les médias qui ne répètent pas la ligne de l’OTAN et en interdisant les partis politiques d’opposition. Le 27 septembre, la Cour suprême d’Ukraine a entendu la plainte déposée par le Parti socialiste progressiste d’Ukraine, contestant sa propre interdiction par le ministère de la Justice. Son action en appel a été rejetée.

Le PSPU avait rédigé une déclaration (disponible en français sur le site de l’Institut Schiller, https://www.institutschiller.org/veille-strategique/article/ukraine-le-parti-socialiste-progressiste-d-ukraine-pspu-menace-d-interdiction), détaillant les actions illégales prises à son encontre. Accusé par le gouvernement d’être « anti-ukrainien et pro-russe », le PSPU a vu ses bureaux perquisitionnés en 2016 et ses documents saisis, et les dirigeants du parti ont fait l’objet de menaces et d’intimidations depuis lors. Les accusations portées contre eux constituent une violation de l’article 15 du Pacte international relatif aux droits civiques et politiques, qui interdit l’application rétroactive d’une loi. En l’occurrence, les accusations concernent des actions qui n’avaient rien d’illégal avant l’adoption de nouvelles lois qui leur ont ensuite été appliquées rétroactivement. La déclaration du PSPU montre également comment les poursuites engagées contre lui enfreignent la Constitution ukrainienne.

Le 15 septembre, la Cour suprême avait confirmé l’interdiction du plus grand parti d’opposition, Plateforme de l’opposition-Pour la vie. En 2019, il avait obtenu 13 % des voix aux élections législatives et donc 44 sièges à la Rada (Parlement), avant d’être interdit. Son dirigeant Viktor Medvedchuk avait été emprisonné jusqu’à sa libération la semaine dernière, dans le cadre d’un échange de prisonniers avec la Russie.

La déclaration du PSPU conclut que si la Cour suprême n’annule pas la décision de son interdiction, « nous pensons que cela marquera la fin de la démocratie en Ukraine ». Or, la Cour suprême l’a effectivement confirmée.

Cependant, n’attendez aucune protestation de la part des faux démocrates en Occident, qui utilisent le gouvernement et le peuple ukrainiens comme un bélier contre la Russie. Pendant que des entités officielles profèrent des menaces de violence à l’encontre des opposants au régime, voire procèdent à leur exécution, les responsables de l’OTAN et de l’UE gardent non seulement le silence, mais ont participé à des séances de planification de ces mesures, au nom de la « lutte contre la désinformation » (voir AS 31-36/22).

Et pourtant, ces mêmes responsables de l’OTAN et de l’UE osent sermonner leurs citoyens sur la nécessité de « se geler pour la démocratie » cet hiver…

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