L’Europe en perte de crédibilité – et pour cause

La qualité de leadership nécessaire, surtout dans le monde transatlantique, pour forger de nouvelles relations internationales était au cœur de la conférence, organisée le 15 octobre à Manhattan par l’Institut Schiller, en présentiel et via zoom. Y participaient des responsables de la « génération montante » venant de tout le spectre politique et de tous les continents, mais surtout des États-Unis, autour du thème « Mettre fin à la guerre et arrêter le fascisme vert » (Les vidéos de la conférence sont disponibles ici.)

En ouvrant les débats, Helga Zepp-LaRouche a fait remarquer que la majorité du monde est déjà en train de construire un système économique complètement nouveau. En Europe et aux Etats-Unis, de plus en plus de secteurs de la population s’insurgent contre « ces politiques qui détruisent les bases matérielles de l’existence de la plupart des gens ».

Ainsi, le 18 octobre, la France a connu une journée de mobilisation et de grève nationale contre l’inflation galopante, faisant suite à plusieurs semaines d’actions dans les raffineries de pétrole et à une manifestation de dizaines de milliers de personnes le 16 octobre à Paris contre la vie chère. En Allemagne, une importante vague de protestation se développe (voir ci-dessous), et des actions ont été entamées en Italie pour dénoncer notamment le danger de guerre et la politique de sanctions. Dans toute l’Europe de l’Ouest, des mobilisations sont en cours, impliquant aussi les agriculteurs, qui sont pratiquement condamnés à disparaître au nom d’un « Green Deal » insensé.

Un exemple du jugement porté par le reste du monde sur la trajectoire suicidaire de l’UE est donné par M.K. Bhadrakumar, ancien ambassadeur de l’Inde auprès de l’Union soviétique, du Pakistan, de l’Afghanistan, de l’Iran, de l’Allemagne, de la Corée du Sud et de la Turquie. Dans un commentaire publié le 17 octobre dans la Tribune of India, il se dit confondu par le refus des Européens de se faire livrer du gaz russe. C’est « un moment profondément embarrassant pour l’UE, estime-t-il. Le triomphalisme a disparu, alors que l’Europe est menacée par des années de récession suite au contrecoup des sanctions contre la Russie, après que les États-Unis ont exigé la rupture des liens énergétiques avec Moscou. L’UE est devenue un marché captif pour le Big Oil et doit acheter du GNL aux États-Unis au prix imposé, qui est six à sept fois plus élevé que le prix intérieur aux États-Unis. En clair, les Européens se sont fait avoir par les Américains… » https://www.tribuneindia.com/news/comment/a-war-russia-set-to-win-441926

Une autre bonne raison pour le monde en développement de se méfier de l’UE a été fournie le 13 octobre par Josep Borrell, sans doute par inadvertance, à l’Académie diplomatique européenne de Bruxelles. « L’Europe est un jardin » où « tout fonctionne », a-t-il déclaré. « C’est la meilleure combinaison de liberté politique, de prospérité économique et de cohésion sociale que l’humanité ait pu construire. » Par contre, « la majeure partie du reste du monde est une jungle, et la jungle pourrait envahir le jardin ». C’est pourquoi « les jardiniers doivent aller dans la jungle. (…) Sinon, le reste du monde nous envahira, de diverses manières et par différents moyens. »

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