Les réseaux sociaux en pleine dérive : le Nigéria interdit Twitter

Twitter, comme nous le savons, a banni à tout jamais de sa plateforme sociale l’ancien président Donald Trump. Facebook, par contre, qui avait suspendu les comptes de Trump le 7 janvier 2021, a jugé qu’une interdiction permanente serait une sanction trop sévère et a donc accepté de réduire sa « peine » à seulement deux ans. A cette échéance, si Facebook estime que l’ancien président des États-Unis ne représente plus un « risque sérieux pour la sécurité publique », il aura l’amabilité de lever ses restrictions.

Décision annoncée d’ailleurs par l’ancien vice-premier ministre du Royaume-Uni Nick Clegg, qui se trouve être aussi le vice-président de Facebook pour les affaires internationales !

Lorsqu’un Président de la nation la plus puissante du monde peut être si facilement censuré pour des déclarations « politiquement incorrectes », quelle chance ont les dirigeants des petits pays ? Eh bien, le Nigeria vient d’en faire l’expérience. Le 2 juin, Twitter a supprimé un tweet du président Muhammadu Buhari, avertissant que les émeutiers armés qui s’attaquaient aux bureaux de vote étaient en passe de créer des conditions semblables à celles ayant conduit à la terrible guerre civile des années 1960. Ce tweet, selon la plateforme privée, constituait une violation de sa politique sur le « comportement abusif ». Le gouvernement nigérian a réagi en bloquant Twitter dans tout le pays.

Le ministre nigérian de l’Information, Lai Mohammed, a souligné la motivation politique de l’action du réseau social, rappelant que « lorsque les gens brûlaient des commissariats de police et tuaient des policiers au Nigeria », Twitter évoquait le « droit de protester », alors que quand des manifestants avaient fait irruption au Capitole à Washington le 6 juin, on ne parlait que d’« insurrection ».

Twitter a répondu au blocage de sa plateforme avec une arrogance et une hypocrisie typiques, en affirmant qu’« un internet libre et ouvert est un droit humain essentiel dans la société moderne ». Or Twitter peut censurer qui il veut, quand il veut, et il ne s’en prive pas – même quand il s’agit de la liberté d’expression de présidents élus…

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