Les prétentions d’Emmanuel Macron : grotesques mais dangereuses

Depuis sa première annonce le 26 février, le président français a proposé à plusieurs reprises d’envoyer des troupes de l’OTAN en Ukraine pour affronter directement la Russie (voir AS 10/24). Si jusqu’à présent, la plupart des autres dirigeants européens ont rejeté l’idée, qu’à cela ne tienne ! Dans une interview accordée le 14 mars à TF1, Emmanuel Macron a affirmé que la France était prête à « tout faire » pour empêcher la victoire de la Russie. Il a même déclaré qu’il n’y aurait « pas de paix durable s’il n’y a pas de retour à la souveraineté de l’Ukraine, s’il n’y a pas de retour aux frontières internationalement reconnues de l’Ukraine, y compris la Crimée ».

Apparemment, son enthousiasme pour la guerre a été quelque peu tempéré après sa rencontre avec le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre polonais Donald Tusk le 15 mars à Berlin, dans le cadre du « Triangle de Weimar ». Cette réunion a été décrite par le Guardian comme « une démonstration ostentatoire d’unité [entre] le président français Emmanuel Macron devenu récemment faucon et le chancelier allemand Olaf Scholz, toujours prudent », au cours de laquelle le Polonais Tusk, « de retour de réunions avec Joe Biden à Washington, a exhorté toutes les parties à parler moins et à se concentrer sur l’augmentation de la fourniture d’armes. Apparemment, compte tenu du désaccord sur le déploiement de troupes de l’OTAN en Ukraine, les trois dirigeants ont tout simplement convenu de ne pas en parler.

Cependant, tous étaient d’accord sur la nécessité d’accroître le soutien à Kiev, de renforcer l’industrie de la défense et de poursuivre les attaques contre la Russie par d’autres moyens, tout en soulignant qu’aucun de leurs pays n’était « en guerre contre la Russie ». Olaf Scholz, pour sa part, a précisé que « nous utiliserons les bénéfices exceptionnels provenant des avoirs russes gelés en Europe pour soutenir financièrement l’achat d’armes pour l’Ukraine », une proposition déjà défendue par Ursula von der Leyen.

Quelles que soient les motivations personnelles ayant amené Emmanuel Macron à abandonner sa position antérieure pour se poser en chef de guerre (folie des grandeurs, inquiétude devant la perte de prestige de la France dans le monde ou vulgaire tentative d’affaiblir le Rassemblement national avant les élections européennes), sa fuite en avant a quelque chose de ridicule. En ce sens, la boutade lancée par le député britannique récemment élu George Galloway (cf. ci-dessous) est particulièrement pertinente : « Macron a perdu la tête. Il ne peut y avoir d’autre explication à la décision du dirigeant d’un État battu par le Burkina Faso de déclarer la guerre à la Russie. »

Print Friendly, PDF & Email