L’échec des énergies renouvelables en Allemagne et le débat sur le nucléaire

Selon l’échéancier gouvernemental, trois des six centrales nucléaires encore en fonctionnement outre-Rhin devraient être fermées d’ici la fin de cette année et les trois dernières avant la fin de 2022. Les pays voisins restent perplexes face à cette stratégie, tant elle paraît déraisonnable.

Un expert français, le directeur exécutif du groupe EDF, Cédric Lewandowski, y voit l’exemple « le plus drastique » d’une politique anti-nucléaire. Comme il l’a confié au quotidien allemand Die Welt (2 août), cela posera « d’énormes difficultés » en augmentant les besoins en charbon et gaz naturel. Cela contredit bien sûr les intentions de Berlin de miser sur le « tout renouvelable ».

Une enquête présentée quelques jours plus tard montre qu’à l’exception de l’huile minérale, toutes les autres énergies fossiles, de même que l’énergie nucléaire, ont vu leur contribution au mix énergétique allemand augmenter au cours du premier semestre 2021 par rapport à la même période de 2020, contrairement aux « énergies renouvelables » telles que le solaire, l’éolien et la biomasse. La consommation d’huile minérale a effectivement diminué de 12,1 % en raison de l’utilisation réduite des véhicules à moteur pour cause de COVID et parce que son prix élevé sur le marché a dissuadé les gens de constituer des réserves pour l’hiver prochain. Quant aux autres sources, la consommation de gaz naturel a augmenté de 15,6 % au cours de la même période, la houille de 22,7 %, le lignite de 33,5 % et le nucléaire de 7 %. Les énergies renouvelables ont diminué de 1 %, dont l’énergie éolienne de pas moins de 20 % par manque de vent. Ces chiffres, tirés d’un rapport de l’AGEB (Groupe de travail sur le bilan énergétique), mettent en lumière une réalité qui donne à réfléchir mais que les Verts préfèrent ignorer.

À quelques semaines des élections nationales et de l’espoir de gains importants pour les Verts, une remise en question de la stratégie de sortie du nucléaire pourrait gagner du terrain : le 10 août, Theo Sommer, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Die Zeit, estimait que l’Allemagne aurait besoin de l’énergie nucléaire pendant un certain temps encore, d’autant plus que la Cour des comptes fédérale vient de mettre en garde contre des pannes d’électricité dues à la transition énergétique. Sommer souligne l’écart considérable entre l’objectif ambitieux de 65 % d’énergie produite par des sources renouvelables et ce que ces sources peuvent réellement produire, surtout en cas de mise en oeuvre de la proposition des Verts, visant à fermer toutes les centrales à charbon d’ici 2030 au lieu de 2038.

Au mieux, l’Allemagne sera confrontée à un déficit de 40 % qui ne pourra être comblé par les énergies renouvelables, écrit-il en citant une évaluation de Siemens Energy. La seule solution, conclut Theo Sommer, consisterait à prolonger l’exploitation des six centrales nucléaires restantes au-delà de la fin 2022. Il souligne par ailleurs que 28 pays dans le monde comptent se doter de l’énergie nucléaire, ce qui montre que la tendance mondiale est diamétralement opposée à la politique officielle du gouvernement allemand.

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