Le sommet Xi-Poutine observé avec nervosité à l’Ouest

Avant même l’arrivée du président chinois Xi Jinping à Moscou le 20 mars pour une visite d’État de trois jours, l’administration Biden avait annoncé qu’elle rejetterait les propositions issues de leurs discussions, quelles qu’elles soient. Le porte-parole du Conseil national de sécurité, John Kirby, s’était plaint la veille à Fox News que la Chine et la Russie « sont irritées par l’ordre international fondé sur des règles… Ils ne l’aiment pas ». Et si « à l’issue de leur réunion, il y a une sorte d’appel à un cessez-le-feu [en Ukraine], ce sera tout simplement inacceptable ».

L’inquiétude de l’administration Biden est fondée. Les présidents Xi et Poutine ont tous deux soigneusement préparé ce sommet et ont l’intention de profiter de leurs échanges personnels pour approfondir les relations bilatérales et discuter des grandes questions internationales et régionales. La proposition de Beijing pour un règlement négocié en Ukraine est très certainement à l’ordre du jour (voir AS 10 / 23).

Avant son départ pour Moscou, Xi Jinping a rédigé une tribune libre pour Rossiyskaia Gazeta, dont le titre peut se traduire par « Aller de l’avant pour ouvrir un nouveau chapitre de l’amitié, de la coopération et du développement commun entre la Chine et la Russie ». Il y rappelle qu’il a effectué huit visites en Russie depuis son élection il y a dix ans. « Je suis venu à chaque fois avec de grandes attentes et je suis revenu avec des résultats fructueux, ouvrant un nouveau chapitre des relations Chine-Russie avec le président Poutine. » Cette fois-ci, écrit-il, il s’attend à ce que les dirigeants adoptent « une nouvelle vision, un nouveau plan et de nouvelles mesures » pour faire avancer le partenariat stratégique global dans les années à venir.

Vladimir Poutine, de son côté, a fait paraître une tribune dans le Quotidien du Peuple, sous le titre « Russie et Chine : un partenariat voué à l’avenir », dans lequel il souligne avant tout l’importance des relations commerciales et du partenariat économique. « En 2022, nos échanges bilatéraux, déjà considérables à l’époque, ont doublé pour atteindre 185 milliards de dollars. C’est un nouveau record. » De plus, l’objectif de 200 milliards de dollars sera probablement « dépassé non pas en 2024, mais dès cette année ».

Outre l’augmentation du volume, « la part des règlements en monnaie nationale dans nos échanges mutuels s’accroît, ce qui renforce encore la souveraineté de nos relations ». De nombreux plans et programmes conjoints de coopération dans les domaines de l’énergie, de l’industrie et de l’agriculture, ainsi que de la recherche spatiale et des nouvelles technologies, sont en cours d’élaboration.

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