Le président brésilien fixe la norme en matière de leadership

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva s’est exprimé au nom de millions de personnes à travers le monde, en se demandant si les élites politiques occidentales ont l’aptitude morale à survivre, compte tenu de leur silence, sinon de leur soutien, face au génocide auquel se livre le gouvernement Netanyahou à Gaza. C’est bien là la question cruciale. Lula l’a posée lors de sa conférence de presse du 18 février en Éthiopie, à l’issue du sommet de l’Union africaine, lorsqu’on lui a demandé pourquoi le Brésil n’avait pas décidé de couper son financement de l’UNRWA, l’agence de secours des Nations unies pour la Palestine.

« Lorsque je vois les pays riches annoncer qu’ils cessent de contribuer à l’aide humanitaire aux Palestiniens, je me demande à quel point ces gens sont politiquement conscients. Et quelle est l’ampleur de leur solidarité, au fond de leur cœur, pour qu’ils ne voient pas que dans la bande de Gaza, il ne s’agit pas d’une guerre, mais d’un génocide », s’est-il exclamé. Si l’on réduit le financement à l’UNRWA, a-t-il expliqué, on ne pourra plus fournir l’aide humanitaire dont la population a désespérément besoin.

Les grands médias ont censuré son cri, préférant mettre l’accent sur sa comparaison entre ce qu’Israël fait aujourd’hui au peuple palestinien de Gaza et la décision d’Hitler de « tuer les juifs ». Israël et les représentants de l’Occident bien-pensant se sont déchaînés contre lui. Benjamin Netanyahu a déclaré le Président brésilien persona non grata en Israël tant qu’il ne présenterait pas ses excuses.

Mais Lula da Silva n’est pas prêt à s’incliner devant cet « ordre fondé sur les règles », lui qui a passé 19 mois en prison en 2018-2019, en raison d’accusations montées de toutes pièces dans le cadre d’une opération « de lutte contre la corruption », directement pilotée par le département américain de la Justice. Dans un discours prononcé le 23 février au Brésil, il a précisé : « Tout comme j’ai dit, alors que j’étais incarcéré, que je n’accepterais aucun marchandage pour sortir de prison et que je n’échangerais pas ma liberté contre ma dignité, je dis : je n’échangerai pas ma dignité contre le mensonge. Je suis favorable à la création d’un État palestinien libre et souverain. Que cet État palestinien vive en harmonie avec l’État d’Israël. Ce que fait le gouvernement de l’État d’Israël n’est pas une guerre, c’est un génocide. »

Lors de sa conférence de presse en Éthiopie, Lula a également évoqué la nécessité d’un nouveau système de lutte contre la pauvreté dans le monde et la manière dont les BRICS peuvent y contribuer. Concernant le rôle de la Banque mondiale et du FMI, il s’est demandé si ces institutions allaient aider à financer le développement des pays pauvres ou si elles allaient « continuer à les étouffer ». En tant que président du G20 cette année, il fait de cette question une priorité, en vue du sommet du groupe qui se tiendra les 18 et 19 novembre à Rio de Janeiro.

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