Le gouvernement allemand sacrifie sa souveraineté nationale pour l’OTAN

Concernant le dossier du sabotage des gazoducs Nord Stream, le refus du gouvernement allemand de dénoncer les responsables lui coûte très cher en termes de popularité. Son silence, même vis-à-vis des parlementaires, a amené le parti d’opposition Alternative pour l’Allemagne à proposer la création d’une commission d’enquête extraordinaire au Bundestag.

En même temps, les frictions sont palpables entre les trois partis de la coalition (SPD, Verts, FDP) et au sein de chacun d’entre eux. Le manifeste de Sahra Wagenknecht et d’Alice Schwarzer appelant à la diplomatie pour mettre fin à la guerre en Ukraine, signé par plus de 800 000 personnes de tous bords politiques, suivi du rassemblement de 50 000 personnes à Berlin le 25 février, met le gouvernement sous forte pression (voir AS 7-10/23). Un fort contingent des membres du SPD et des Verts s’oppose à donner la priorité exclusive à la livraison d’armes à l’Ukraine tout en refusant de dialoguer avec la Russie.

Le porte-parole de la faction social-démocrate qui soutenait l’approche diplomatique traditionnelle du parti envers la Russie ainsi que l’approvisionnement en gaz russe, Rolf Mützenich, chef du groupe parlementaire SPD, a fini par capituler en se rendant à Kyiv la semaine dernière.

La dissidence grandit aussi au sein du parti libéral FDP, principalement parce que le dirigeant du parti, Christian Lindner, par ailleurs ministre des Finances, refuse de s’opposer à l’intention déclarée du gouvernement d’abandonner complètement l’énergie nucléaire d’ici la mi-avril. Or, l’acceptation par Lindner du programme des Verts est l’une des principales raisons des défaites cuisantes du FDP lors de récentes élections à des parlements d’Etat.

Toutefois, le facteur réellement déterminant pour l’avenir du gouvernement allemand est la croissance rapide d’une dynamique politique transcendant les partis. La mobilisation lancée par le duo Wagenknecht-Schwarzer pourrait mener à la création d’un nouveau parti politique défendant le rétablissement de la souveraineté nationale, la rupture avec les politiques de l’OTAN, la reprise des relations avec la Russie et de l’approvisionnement en gaz russe, le soutien à l’initiative de paix chinoise et le maintien de bonnes relations avec la Chine.