L’ancien chef du Shin Bet appelle à libérer Marwan Barghouti, seul espoir pour la paix

L’amiral Ami Ayalon, ancien commandant de la Marine israélienne et chef du Shin Bet (les services secrets nationaux), est favorable à la libération de Marwan Barghouti, le dirigeant palestinien du Fatah qui purge depuis 2002 cinq peines d’emprisonnement à vie en Israël. C’est ce qu’il a réitéré la semaine dernière dans une interview avec Yossi Melman de Haaretz, en parlant de l’« après combats ».

Selon le Teller Report du 8 janvier, Ayalon estime qu’Israël devrait donner la priorité à la libération de Barghouti en échange des otages israéliens. « C’est la bonne décision pour les deux parties, d’abord parce que le retour des otages israéliens se rapproche le plus de ‘l’image d’une victoire’ de la campagne (militaire) actuelle à Gaza, et ensuite parce que Barghouti est le seul dirigeant palestinien qui puisse être élu au sein d’une direction palestinienne unifiée et légitime » en vue de parvenir à une solution pacifique avec les Palestiniens.

L’amiral a critiqué la politique menée par Israël, affirmant que cette guerre est un « conflit militaire sans objectif politique, une situation dans laquelle la victoire ne peut être définie car toujours formulée en termes politiques, et le grand danger, dans une telle situation, c’est que la guerre devient l’objectif » (voir également AS 51-52/23). Le refus de traiter cette question « déchire la société israélienne », a-t-il déclaré, ajoutant qu’Israël risque de « continuer à se battre éternellement » afin « d’échapper aux vrais débats que nous refusons ou ne pouvons pas mener ».

Marwan Barghouti est largement reconnu comme le leader le plus populaire parmi les Palestiniens et le seul capable de redonner de la crédibilité à une Autorité nationale palestinienne sévèrement discréditée. Mais au lieu de le libérer, le gouvernement israélien l’a transféré le mois dernier dans le quartier d’isolement de la prison, suite à la publication d’une déclaration faite en son nom, appelant les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne à se battre contre Israël. Son épouse, Fadwa Barghouti, a nié tout lien de son mari avec cette déclaration. Assisté par l’avocat israélien Avigdor Feldman, expert en droits civils, Barghouti vient de déposer plainte contre ses conditions de détention, qui compromettent sa santé.

Selon un sondage réalisé récemment par le Centre palestinien de recherche sur les politiques et les enquêtes, en cas d’élection, Barghouti l’emporterait haut la main sur les deux candidats de son propre parti, le Fatah, et sur le chef du Hamas, Ismail Haniyeh. A noter que ce dernier a déclaré le 2 janvier à Al Jazeera que son mouvement était désormais ouvert à l’idée d’une administration palestinienne unique pour gouverner à la fois la bande de Gaza et la Cisjordanie occupée. Parlant couramment l’hébreu, Barghouti est aussi respecté par une part importante des services de renseignement israéliens, selon nos sources.

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