La tactique d’intimidation des responsables de l’UE envers l’Afrique

Lors de sa conférence de presse avec Antony Blinken, le 8 août, on a demandé à la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Naledi Pandor ce qu’elle pensait des tentatives d’obliger l’Afrique à choisir entre la Russie et la Chine ou l’Occident. En réponse, elle a expliqué que « dans notre interaction avec certains de nos partenaires en Europe et ailleurs, il y a eu un sentiment d’intimidation condescendante du type ‘vous choisissez ceci ou sinon’ ».

Intriguée par cette remarque, la correspondante de la South African Broadcasting Corporation (SABC) à Bruxelles, Rosie Birchard, a demandé à des responsables de l’UE (sans les nommer) ce qu’il en était. Pour tout réponse, elle a dû se contenter d’un « sans commentaire », selon le rapport de la SABC, qui ajoute que les dirigeants européens sont fort mécontents du refus de l’Afrique de se ranger derrière l’OTAN contre la Russie et envisagent de lier les futures aides au respect de ses positions géopolitiques.

Ceci fait apparemment référence à un rapport interne et confidentiel de l’UE, datant de la troisième semaine de juillet. Selon le site Devex, ce rapport, rédigé par des diplomates, exprime les craintes de l’UE de « perdre l’Afrique » et propose des mesures pour y remédier. C’est dans ce contexte qu’ils suggèrent de lier l’aide étrangère à la volonté des nations africaines d’adhérer au discours de l’Europe sur la guerre en Ukraine, entre autres.

Ce rapport interne évoque aussi le voyage du président de l’Union africaine, Macky Sall, à Sotchi début juin pour rencontrer Vladimir Poutine et négocier un accord sur la livraison de céréales à l’Afrique. L’UE y voit, selon Devex, un autre signe de la tendance de l’Union africaine à « s’éloigner de notre position ».

Nous ajouterons qu’il y a un autre aspect à la friction entre les deux continents. Il concerne les mesures que l’UE veut obliger l’Afrique à prendre pour lutter contre le « changement climatique ». Dans un document établi en juin, les ministres de l’Energie de l’Union africaine affirment que les combustibles fossiles, et notamment le gaz naturel, « « devront jouer un rôle crucial » dans le développement de l’accès à l’énergie et à l’électricité. Le lobby vert, notamment en Grande-Bretagne, craint de voir l’UA mettre l’accent sur le développement, lors de la prochaine conférence sur le climat de novembre en Egypte.

Print Friendly, PDF & Email