La riposte du Pakistan aux diplomates de l’UE : « Sommes-nous vos esclaves? »

Ici en Europe, nous sommes inondés de nouvelles selon lesquelles la Russie est complètement isolée à l’échelle mondiale pour avoir violé la souveraineté d’une autre nation et l’avoir « envahie ». Or, cet argument apparaît bien moins crédible aux nations qui ont subi, directement ou indirectement, de telles actions à répétition de la part des pays de l’OTAN, et des États-Unis en particulier. Prenons le cas du Pakistan.

Le 2 mars, lors du vote à l’Assemblée générale des Nations unies sur une motion dénonçant l’action de la Russie, le Pakistan a choisi l’abstention (de même que la Chine et l’Inde, ainsi que 32 autres pays). Peu après, plus de 20 ambassadeurs de l’Union européenne en poste à Islamabad ont envoyé une lettre au Premier ministre Imran Kahn pour exiger que son gouvernement condamne l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Sa réponse a été cinglante : « Pour qui nous prenez-vous ? Sommes-nous vos esclaves, qui devons faire tout ce que vous nous dites ? » Il a également demandé si ces ambassadeurs de l’UE avaient aussi envoyé ce genre de lettre à l’Inde.

Imran Kahn a précisé que le Pakistan est « ami avec la Russie, et nous sommes aussi amis avec l’Amérique, et avec la Chine et l’Europe ; nous ne nous situons dans aucun camp ». Il a ajouté que son pays resterait « neutre » et collaborerait avec ceux qui s’efforcent de mettre fin au conflit en Ukraine.

Selon le Business Standard, le Premier ministre pakistanais a également critiqué Washington pour avoir forcé le Pakistan à rejoindre le bloc occidental dans sa guerre contre le terrorisme, « qui, selon lui, a entraîné la perte d’au moins 80 000 de ses citoyens, le déplacement d’au moins 3,5 millions de personnes et un coût dépassant les 100 milliards de dollars ». Et pourtant, au lieu de remerciements pour son aide en Afghanistan, Islamabad n’a reçu que des condamnations de la part de l’UE et des États-Unis.

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