La Chine et l’Inde répondent aux provocations d’Ursula von der Leyen

Invitée à prononcer un discours au Dialogue de Raisina, en Inde, le 25 avril, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en a profité pour reprendre l’habituel refrain sur « l’ordre fondé sur les règles » et désigner devant un public international la Russie et la Chine comme étant les ennemis. Elle a conseillé plus spécifiquement à Delhi de s’en tenir aux accords économiques, commerciaux et militaires avec l’Occident « démocratique ». Lors de sa rencontre avec le Premier ministre indien Narendra Modi, elle n’a sans doute pas manqué de critiquer la neutralité de l’Inde à l’égard de l’opération militaire de Moscou en Ukraine, ainsi que son refus de condamner la Russie à l’ONU et ses relations commerciales et économiques actuelles avec la Russie.

Au Dialogue de Raisina, Mme von der Leyen a accusé la Russie de violer la Charte des Nations unies, de commettre d’horribles crimes de guerre, de menacer la sécurité européenne, etc. Mais elle a également attaqué les tentatives de la Chine d’étendre ses « sphères d’influence », notamment par le biais de l’Initiative une Ceinture, une Route. Mais ce qui l’inquiète plus encore, c’est l’accord entre la Russie et la Chine conclu en février dernier, qui stipule que leur amitié est « sans limite » et qu’« aucun domaine de coopération n’est interdit ».

Des diplomates norvégiens et luxembourgeois ayant à leur tour critiqué la position de l’Inde sur le conflit ukrainien, le ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar a rétorqué que les Européens feraient bien de reconnaître qu’il existe des « problèmes urgents dans d’autres parties du monde », et pas seulement en Europe. Par exemple, où était l’« ordre fondé sur les règles » en Afghanistan, où « toute une société civile a été sacrifiée » ?

Autre invité au Dialogue de Raisina, l’amiral John Aquilino, chef du commandement indo-pacifique des États-Unis, a déclaré pour sa part que cette coopération « sans limites » entre Moscou et Beijing pose un problème aux pays occidentaux, qu’il faudrait résoudre en développant une « grande force de dissuasion » incorporant toutes les formes de technologie.

Interrogé quelques jours plus tard sur ce point, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a déclaré que la Chine et la Russie avaient dépassé l’époque de la Guerre froide, marquée par les alliances militaires et les « jeux à somme nulle », et qu’elles s’engageaient au contraire à « développer un nouveau modèle de relations internationales sur la base de la non alliance, du non affrontement et du non ciblage de pays tiers ». La crise en Ukraine, a-t-il ajouté, est incontestablement due à l’expansion de l’OTAN vers l’Est, et les États-Unis cherchent à prolonger le conflit pour affaiblir la Russie.

En ce qui concerne la politique de Londres, un éditorial du Global Times chinois fustigeait la ministre Liz Truss pour son discours sur « le retour de la géopolitique » (voir ci-dessus), dans lequel elle indiquait que l’OTAN doit « veiller à ce que des démocraties comme Taïwan soient en mesure de se défendre ». Ses propos ont été qualifiés de « déclarations les plus flagrantes et les plus ambitieuses » de tout ce qu’on a entendu des Occidentaux depuis quelque temps sur « la mondialisation de l’OTAN ».

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