Kazakhstan : au lendemain des émeutes, le président Tokayev s’en prend aux « milliardaires »

Après l’échec de l’opération de « changement de régime » au Kazakstan menée au début du mois, un grand nombre d’informations supplémentaires sont apparues sur le modus operandi des instigateurs (voir AS 2/22). Alors que les manifestations populaires, organisées à l’origine pour protester contre la flambée des prix de l’essence, commencèrent à dégénérer, le président Kassym-Jomart Tokayev fit aussitôt appel à l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) pour l’aider à calmer les violences. Dès le 13 janvier, l’OTSC, cette alliance régionale regroupant la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l’Arménie et le Tadjikistan, commençait à retirer ses forces.

Lors d’une réunion virtuelle organisée le 10 janvier par ce groupe de pays pour examiner la situation, il apparut clairement que la tentative de coup d’Etat ne les avait pas pris au dépourvu. Le président Tokayev expliqua que les attaques synchronisées contre les bâtiments gouvernementaux, les forces de l’ordre, etc., ainsi que le blocage des services de pompiers et médicaux, témoignaient d’une planification évidente et détaillée du putsch.

Depuis le retrait des forces occidentales d’Afghanistan, on sait que de nombreux terroristes internationaux et extrémistes islamistes qui étaient retranchés et entraînés dans ce pays, venant de Syrie et d’Irak, se sont installés en Asie centrale.

Le président Poutine nota pour sa part que « des groupes de militants bien organisés et bien contrôlés ont été utilisés », tout en mentionnant les « technologies du Maidan », à Kiev, qui ont servi à soutenir les émeutiers et partager des informations, dans le but de miner la nation.

Maintenant que la « révolution de couleur » a été déjouée, le gouvernement kazakh entend s’attaquer aux difficultés économiques bien réelles qui ont poussé de nombreux citoyens à descendre dans la rue pour protester. Dans un discours prononcé devant l’assemblée législative nationale le 11 janvier, le président Tokayev évoqua l’écart de richesse qui n’a cessé de se creuser depuis 30 ans. Bien que le Kazakhstan dispose de vastes ressources minières, elles ont surtout profité à une petite élite devenue immensément riche, et non au peuple. Il a donc annoncé la création d’un nouveau « Fonds national », qui sera financé par le cercle de milliardaires entourant l’ancien président Nazarbayev, qu’il avait démis le 5 janvier de ses fonctions de chef du Conseil de sécurité.

Ce fonds sera destiné à « résoudre les problèmes réels dans les domaines de la santé, de l’éducation et des services sociaux ». Tokayev attend « des contributions significatives et régulières à ce fonds de la part des entreprises. Grâce à notre premier président [Nazarbayev], il existe dans le pays un groupe d’entreprises très rentables et une couche de personnes assez riches, même selon les normes internationales. Je pense que le moment est venu de rembourser le peuple kazakh et de l’aider de façon systématique et régulière. » Son gouvernement prévoit donc d’établir la liste des entreprises éligibles appelées à contribuer au fonds et de calculer la somme annuelle que chacune devra lui verser.

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