La France et l’Allemagne envisagent de relancer le dialogue avec la Russie

Lors d’un entretien téléphonique le 2 décembre entre le chancelier Scholz et le président Poutine (le premier depuis septembre dernier), les deux dirigeants ont exprimé la volonté de mettre fin au conflit en Ukraine. Vladimir Poutine a appelé l’Allemagne à ne plus participer « à l’inondation du régime de Kiev avec des armes et à l’entraînement des troupes ukrainiennes », notant qu’à cause de l’aide militaire et du « soutien financier général » qu’il reçoit, le gouvernement de Kiev persiste à rejeter l’idée même de pourparlers. Le chancelier a réitéré le soutien de l’Allemagne à l’Ukraine pour lui permettre de se défendre contre « l’agression russe », mais appelle aussi à une solution diplomatique le plus rapidement possible.

Selon le Kremlin, les deux dirigeants se sont accordés sur l’importance de mettre en œuvre l’accord sur les céréales, impliquant l’exportation de céréales ukrainiennes depuis les ports de la mer Noire et le déblocage des exportations russes de denrées alimentaires et d’engrais. Par ailleurs, ils seraient convenus de rester en contact.

L’ancien conseiller à la sécurité nationale d’Angela Merkel, le général Erich Vad (cr), a également souligné l’importance de l’accord sur les céréales dans une interview accordée le 1er décembre à la chaîne turque TRT. Il estime que cet accord, négocié par le président turc Erdogan, à la fois avec la Russie et l’Ukraine, « est un format qui pourrait être assez intéressant » pour d’éventuelles négociations de paix. Le président turc aurait également un rôle décisif à jouer dans de tels entretiens, étant donné qu’il « parle toujours à Poutine, ce que beaucoup de dirigeants occidentaux ne font plus, ou seulement par téléphone ».

A ce tableau, il faut ajouter les propos tenus par le président Emmanuel Macron lors de son voyage aux États-Unis la semaine dernière. Dans une interview accordée à TF1 et LCI, il a évoqué la nécessité de prendre en compte les demandes de garanties de sécurité formulées par Moscou, estimant qu’« un des points essentiels que nous devons aborder, comme le président Poutine l’a d’ailleurs toujours dit, c’est la peur que l’OTAN vienne jusqu’à ses portes, c’est le déploiement d’armes qui peuvent menacer la Russie ». « Ce sujet fera partie des facteurs pour la paix, a-t-il poursuivi, et donc il faut aussi le préparer : qu’est-ce qu’on est prêts à faire, comment nous protégeons nos alliés et les Etats membres, tout en donnant des garanties pour sa propre sécurité à la Russie le jour où elle reviendra à la table ? »

Et sur CBS News, le 4 décembre, Emmanuel Macron a conseillé de prendre au sérieux le sentiment en Russie que l’OTAN veut détruire la Russie. « Je ne crois pas que ce soit notre perspective. Cela n’a jamais été notre perspective en France », a-t-il déclaré, soulignant qu’il a toujours essayé de maintenir le dialogue avec Poutine. « Je maintiens toujours des discussions régulières et des contacts directs avec le président Poutine. Parce que je crois que la meilleure façon de renouer le dialogue, c’est de préserver ce canal direct. »

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