Et s’ils envisageaient sérieusement une guerre nucléaire ?

Le 13 septembre, le gouvernement ukrainien a présenté son projet de Pacte de sécurité de Kiev, qui exige des garanties de la part de l’OTAN conformes à celles prévues dans l’article 5. Concrètement, cela signifie que l’OTAN déploierait directement toute sa puissance militaire contre la Russie pour le compte de l’Ukraine. Le document a été rédigé par un groupe de travail sur la sécurité, coprésidé par le chef du cabinet du président Zelensky, Andreï Ermak, et l’ancien secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen. Y ont également participé d’autres « experts occidentaux, notamment des politiciens et des scientifiques, anciens et en exercice », qui ne sont pas nommés. 

Une semaine auparavant, le 7 septembre, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valeriy Zaluzhnyi, avait signé sur le site d’information Ukrinform, un article affirmant que l’on avait des indications selon lesquelles la Russie préparait une frappe nucléaire en Ukraine. Il en concluait qu’il est « extrêmement nécessaire de préempter toute tentative russe de mesures pratiques en vue d’utiliser des armes nucléaires tactiques, en employant tout l’arsenal de moyens à la disposition des puissances mondiales ». 

Inutile de préciser que « tout l’arsenal de moyens » inclut les armes nucléaires. Comme le notait notre service dans son commentaire, « un article aussi scandaleusement dangereux et provocateur n’aurait jamais pu être rédigé, et encore moins publié, sans l’approbation préalable des forces américaines, britanniques et de l’OTAN qui dirigent la guerre ».

Cet article est paru la veille de la réunion sur la base aérienne américaine de Ramstein, en Allemagne, du Groupe de contact sur l’Ukraine, qui a promis plus d’armes de haute qualité à l’Ukraine, et qui coïncidait avec l’offensive des forces armées de Kiev, planifiée de connivence avec l’OTAN (voir AS 37/22).

Puis, le week-end dernier, l’Atlantic Council, un groupe de réflexion basé à Washington et financé par le ministère britannique des Affaires étrangères, l’OTAN et le département d’État américain, et qui milite ouvertement pour la guerre avec la Russie et la Chine, a publié un Mémo au président des États-Unis appelant à une telle politique de guerre nucléaire préventive. Pour l’auteur Matthew Kroenig, si les États-Unis ne parviennent pas à « dissuader » Moscou d’utiliser l’arme nucléaire, la troisième option à leur disposition consisterait à lancer une frappe nucléaire préventive contre la Russie !

On ne le répètera jamais assez : derrière cet appel à la guerre nucléaire — repris par une élite occidentale qui rejette tout règlement négocié raisonnable entre l’Ukraine et la Russie et, au-delà, la mise en œuvre d’une nouvelle initiative de sécurité mondiale — se profile l’effondrement du système financier transatlantique, qui constitue la base de son propre pouvoir.

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