Des diplomates occidentaux confirment les promesses faites à la Russie en 1990

Bon nombre de diplomates occidentaux de haut niveau viennent de confirmer que l’expansion de l’OTAN vers l’est constituait une violation des promesses faites à l’URSS en 1990 et 1991.

Roland Dumas, ministre français des Affaires étrangères de 1988 à 1993, a assisté à l’époque à tous les entretiens de haut niveau du groupe 2+4 sur la réunification de l’Allemagne et la fin de la Guerre froide. Dans une interview accordée le 13 février au site internet lescrises.fr, il réfute sans équivoque le discours occidental selon lequel « aucune garantie » n’aurait été donnée à Moscou (voir aussi https://solidariteetprogres.fr/actualites-001/roland-dumas-l-occident-avait.html).

Roland Dumas explique au blogueur Olivier Berruyer que la délégation soviétique aux négociations avait exigé de la part des Occidentaux l’engagement qu’il n’y aurait « pas de déplacement des troupes de l’OTAN dans les régions du Pacte soviétique qui allaient être désarmées ». Et les représentants occidentaux – M. Dumas s’en souvient « formellement » – ont accepté cet engagement. Même s’il n’a pas été officiellement inscrit dans les accords du traité, reconnaît-il, il a été accepté par toutes les parties concernées, comme contrepartie logique de l’acceptation par l’URSS qu’une Allemagne réunifiée soit membre de l’OTAN et du retrait de ses propres forces armées.

Dans cet entretien, l’ancien ministre français rappelle également que ses homologues américain et allemand, James Baker et Hans-Dietrich Genscher, ont confirmé par la suite que de telles assurances avaient été données à Gorbatchev.

Si les grands médias occidentaux ont à peine mentionné cette interview explosive de Roland Dumas, quelques-uns, en revanche, ont répercuté l’information publiée le 18 février par le Spiegel, concernant des documents découverts par l’historien américain Joshua Shifrinson dans les archives nationales britanniques, confirmant les affirmations russes. Il a notamment trouvé un mémo citant le diplomate allemand Jürgen Chrobog, suite à sa participation à une réunion des directeurs de cabinet des ministères des Affaires étrangères américain, britannique, français et allemand à Bonn, le 6 mars 1991 : « Nous avions clairement indiqué, lors des négociations 2+4, que nous n’étendrions pas l’OTAN au-delà de l’Elbe. Nous ne pouvions donc pas proposer à la Pologne et aux autres pays d’adhérer à l’OTAN. »

Selon le même compte-rendu, le représentant américain à cette réunion, Raymond Seitz, a confirmé les propos de Chrobog en ces termes : « Nous avons clairement fait savoir à l’Union soviétique — dans le cadre de 2+4 ainsi que d’autres entretiens – que nous ne profiterions pas du retrait des troupes soviétiques d’Europe de l’Est. (…) L’OTAN ne devait pas s’étendre à l’Est, que ce soit de manière formelle ou informelle. »

Comme le précise par ailleurs l’ancien ambassadeur en Russie Jack Matlock, dans un commentaire du 15 février sur antiwar.com, en 1990, « Gorbatchev a reçu l’assurance, bien que ce ne soit pas inscrit dans un traité officiel, que si une Allemagne unifiée était autorisée à rester dans l’OTAN, il n’y aurait aucun déplacement de la juridiction de l’OTAN vers l’est, même ‘pas d’un pouce’. »

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