Biélorussie : Bruxelles propose d’acheter un changement de régime
Depuis que le président biélorusse Loukachenko a forcé un avion de Ryan Air à atterrir à l’aéroport de Minsk, le 24 mai, afin d’arrêter le « journaliste » Roman Protasevich qui se trouvait à bord, on assiste à une surenchère en Europe pour dénoncer la violation « scandaleuse » et « inadmissible » du droit international et des droits de l’homme par ce dictateur impitoyable, qui agissait sans aucun doute sur ordre de Vladimir Poutine.
(Ce que ces accusateurs scandalisés ne disent pas, c’est que la même tactique (certes parfaitement illégale) avait été ordonnée par le président américain Obama en juillet 2013, lorsque l’avion transportant le président bolivien Evo Morales de Moscou à La Paz avait été forcé d’atterrir à Vienne, parce que la Maison Blanche soupçonnait qu’il avait à son bord le lanceur d’alerte Edward Snowden…)
Quoi qu’il en soit, l’Union européenne a riposté aussitôt en imposant davantage de sanctions à la Biélorussie et en interdisant à ses compagnies aériennes d’utiliser l’espace aérien et les aéroports de l’UE. Le président américain Joe Biden a également annoncé des sanctions, tandis que le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab, déclarait péremptoirement qu’il était peu probable que Loukachenko ait agi sans l’approbation du Kremlin.
Mais ce n’est pas tout. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé dans une lettre adressée à l’opposition biélorusse, que si « la Biélorussie s’engageait dans une transition démocratique », l’UE débloquerait alors un « plan global de soutien économique » pouvant se monter jusqu’à 3 milliards d’euros. S’adressant au président Loukachenko, elle a ajouté : « Aucune répression, brutalité ou coercition n’apportera la moindre légitimité à votre régime autoritaire. »
On devrait se demander pourquoi Ursula von der Leyen estime avoir le droit « démocratique » de décider qui doit gouverner la Biélorussie –ou tout autre pays d’ailleurs (y compris en Europe).
Quant au journaliste blogueur Roman Protasevich, arrêté alors qu’il se rendait en Lituanie depuis la Grèce, les autorités biélorusses l’accusent de complicité dans un complot visant à renverser le gouvernement élu. Bien que n’ayant aucune information à ce sujet, le personnage a le profil d’un pion de divers services de renseignement occidentaux. Il a d’ailleurs travaillé jusqu’en septembre dernier pour le projet NEXTA, qui organise des manifestations en Biélorussie et en Russie, avec le soutien des réseaux occidentaux spécialisés dans des opérations de « changement de régime ».
En 2013, il était à Kiev, où il a participé aux manifestations sur le Maidan, avant d’être déployé en Ukraine orientale. S’il affirme qu’il s’y trouvait en tant que reporter, il aurait cependant reçu un entraînement militaire auprès du bataillon d’extrême droite Azov. Selon le correspondant de guerre britannique Jake Hanrahan, Protasevich n’était pas directement actif dans le bataillon Azov, mais dans une unité biélorusse combattant à ses côtés. Tout cela est bien sûr passé sous silence dans nos médias, car cet épisode ne cadre pas avec la version des complotistes occidentaux.