Berlin : et si on stigmatisait les protestatires comme « ennemis de la démocratie »

A l’en croire, le ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, partage l’inquiétude de la population face à l’inflation des prix et à la baisse attendue du niveau de vie. Or, la politique qu’il poursuit, désindustrialisation et austérité, y mène tout droit. Et au lieu de pénaliser la spéculation sur les marchés de l’énergie, il compte renflouer les traders en difficulté par le biais d’une nouvelle taxe sur les consommateurs et les entreprises, « s’élevant à plusieurs centaines d’euros par ménage ». Et ceci, en plus des prix qui continueront à monter quoi qu’il en soit.

Par ailleurs, celui qui dirigea le Parti vert avant de devenir ministre affirme que l’on pourra remplir les réserves de gaz naturel à 90 % d’ici novembre, à condition que les particuliers et l’industrie fassent de gros efforts « volontaires » pour réduire leur consommation. Si les grandes industries s’efforcent déjà de diminuer « volontairement » de 30 à 35 % leur consommation, c’est forcément au détriment de la production et donc de l’emploi. Pour ce qui est de la « bonne volonté » des ménages, jusqu’à un tiers d’entre eux, selon de nombreuses organisations sociales, ne pourront pas payer les coûts supplémentaires.

Si la situation semble assez calme en Allemagne, la colère risque d’exploser à l’automne et en hiver. Déjà, frappés par la flambée des prix des engrais, du diesel et de l’électricité, en plus de la réduction drastique de l’utilisation des pesticides imposée au nom du « green deal », les agriculteurs organisent une manifestation nationale à Berlin le 26 août, qui sera suivie par les artisans avec un rassemblement à Dessau deux jours plus tard.

Le gouvernement est conscient de ce cocktail explosif, comme l’a indiqué la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser (SPD). Mais plutôt que de changer de politique, elle et ses collègues à Berlin crient au « danger » de voir les révoltes attendues détournées par des « extrémistes ». Elle a encore affirmé la semaine dernière que les « extrémistes de droite » et autres radicaux ayant protesté contre les mesures de confinement pendant la pandémie, veulent maintenant exploiter la hausse des prix pour mobiliser la population derrière un dénominateur commun : « le mépris de la démocratie et la tentative d’ébranler la confiance dans notre État », (en accusant, fort commodément, Vladimir Poutine d’être responsable de la hausse des prix).

De là à traiter tous ceux qui critiquent les politiques de Berlin et de l’UE d’« ennemis de la démocratie », il n’y a qu’un pas. Bruxelles serait-elle déjà en train de dresser ses propres « listes noires » ?

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