Beijing prépare une initiative de paix pour l’Ukraine

Dans son discours à la Conférence sur la sécurité de Munich, le 18 février, le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi a annoncé que Beijing publierait bientôt un document précisant sa position sur un règlement politique de la crise en Ukraine, ainsi qu’un document conceptuel plus général sur une Initiative de sécurité globale (voir ci-après). « À ce moment critique de l’histoire, la société humaine ne doit pas emprunter à nouveau la voie de l’antagonisme, de la division et de l’affrontement, et ne doit pas tomber dans le piège du jeu à somme nulle, de la guerre et du conflit », a-t-il déclaré. Façon indirecte mais claire de critiquer les prémisses de la politique étrangère anglo-américaine.

Le chef de la diplomatie chinoise a également appelé les Européens à inverser la tendance actuelle et à se joindre à la Chine pour construire ensemble un monde plus sûr. « Je suggère que tout le monde commence à réfléchir calmement, en particulier nos amis en Europe, sur le type d’efforts que nous pouvons faire pour arrêter cette guerre », a déclaré Wang. Il existe certaines forces, selon lui, qui semblent ne pas vouloir que les négociations aboutissent, ni que la guerre se termine rapidement ». Il a réitéré l’appel du président Xi Jinping en faveur d’une nouvelle initiative de sécurité mondiale.

Pour Wang, sa participation à la conférence de Munich s’inscrivait dans une tournée européenne du 14 au 22 février, qui l’avait conduit en Italie et en France, avant de l’amener en Hongrie puis en Russie. On peut supposer qu’hormis les relations commerciales, l’initiative de paix sur laquelle travaille Beijing figurait parmi les sujets abordés dans toutes ces capitales.

Comme annoncé par Wang à la CSM, le ministère chinois des Affaires étrangères a effectivement rendu public son Concept d’initiative de sécurité mondiale le 21 février, le jour même où le président Biden prononçait un discours militariste à Varsovie et le président Poutine son discours annuel à l’Assemblée fédérale. Qualifiant la période actuelle d’« ère riche en défis », le document affirme qu’il faut résister et rejeter « la mentalité de la Guerre froide, l’unilatéralisme, l’affrontement entre blocs et l’hégémonisme ».

Il souligne aussi la nécessité de défendre le consensus selon lequel « une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée ». Par conséquent, les puissances nucléaires doivent renforcer le dialogue et la coopération afin de réduire tout risque de conflit nucléaire. En outre, il faut « prendre au sérieux les préoccupations légitimes de tous les pays en matière de sécurité », tout en respectant leur souveraineté et leur intégrité territoriale, et résoudre les différends internationaux exclusivement par le biais de la diplomatie.

De même en ce qui concerne le conflit entre Moscou et Kiev, le document chinois précise qu’il faut « soutenir le règlement politique des points chauds, tels que la crise ukrainienne, par le dialogue et la négociation ».

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