Allemagne : Réquisitoire posthume des Verts par l’une de leurs fondatrices

Membre fondateur du parti vert allemand, Antje Vollmer est décédée le 15 mars à l’âge de 79 ans des suites d’une longue maladie. Dans le testament politique qu’elle a rédigé (« Ce que j’aurais encore à dire »), elle fustige l’actuelle direction belliciste du parti. C’est une critique authentique de la part de cette théologienne protestante qui, tout au long de sa vie politique, a été une pacifiste engagée, y compris pendant son mandat de vice-présidente du Bundestag de 1994 à 2005. Pour l’une de ses dernières interventions publiques, elle a été parmi les premiers signataires du Manifeste pour la paix de Sahra Wagenknecht et d’Alice Schwarzer.

Dans son testament, Mme Vollmer s’en prend au ministre de l’Economie Robert Habeck et surtout à la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock : « Le ministre allemand de l’Economie s’efforce de remplacer les anciennes dépendances envers la Russie et la Chine par de nouvelles dépendances à l’égard de pays qui ne peuvent en aucun cas être considérés comme des démocraties modèles. La ministre des Affaires étrangères est la trompette la plus stridente de la nouvelle stratégie antagoniste de l’OTAN.

« Les justifications des Verts étonnent par leur simplicité argumentative. Pourtant, les coûts de l’armement et l’influence des entreprises d’armement et des groupes énergétiques sont incommensurables. La guerre engloutit inutilement les milliards dont on aurait urgemment besoin pour sauver la planète et lutter contre la pauvreté dans le Sud. Mais la Chine, en plein essor, est présentée dans la propagande comme un nouvel ennemi géopolitique et on la provoque constamment sur la question de Taïwan. Tout cela n’est pas de bon augure. »

Mme Vollmer ressent comme une « défaite très personnelle » le fait que son parti, les Verts, a raté l’occasion qu’il avait de changer le monde pour le meilleur. « Qu’est-ce qui a poussé les Verts à renoncer à tout cela dans le seul objectif de jouer au grand poker géopolitique du pouvoir ? »

Elle a reproché aux dirigeants occidentaux, en particulier allemands, d’avoir méconnu l’importance considérable des décisions historiques prises par Moscou en 1989, permettant la réunification pacifique de l’Allemagne et le retrait de toutes les forces militaires des anciens pays membres du Pacte de Varsovie. Or, le président allemand Steinmeier n’a même pas eu la décence d’assister aux funérailles de l’homme qui avait permis cela, Mikhaïl Gorbatchev. Mais quelques jours plus tard, Steinmeier s’est recueilli avec tous les autres dirigeants occidentaux sur la tombe de la reine Elizabeth. Au lieu de faire preuve de gratitude, ces dirigeants se sont laissé entraîner dans une guerre en Ukraine qui risque de conduire à la destruction de la planète.

Toutefois, constate Antje Vollmer dans son testament, le reste du monde n’est plus disposé à accepter l’arrogance de l’Occident. « J’espère que, de tout cela, émergera un nouveau Mouvement des pays non alignés » pour réaffirmer le droit international.

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