Allemagne : le Parti vert se vante de ses positions atlantistes et pro-OTAN

Différents scénarios circulent actuellement en Allemagne sur la composition du prochain gouvernement, au cas où les Verts remporteraient effectivement la chancellerie en septembre. Outre une éventuelle coalition avec la CDU-CSU, l’option d’une coalition tripartite avec le SPD (sociaux-démocrates) et La Gauche (Die Linke) est également discutée. Or, vu le soutien à l’OTAN ouvertement affiché par la candidate verte à la chancellerie, Annalena Baerbock, elle semble assez peu probable à ce stade.

Robert Habeck, co-président des Verts avec Baerbock, a déclaré le 7 mai que pour qu’une éventuelle coalition soit envisageable, Die Linke devrait prouver son engagement envers l’alliance militaire. Et le porte-parole du parti en matière de politique étrangère, Cem Özdemir, a déclaré au Frankfurter Allgemeine du 12 mai que La Gauche devrait aussi clarifier sa position sur les dictatures : si elle continue à considérer Vladimir Poutine comme un « voisin sympa », elle n’aura pas de place dans une coalition. Selon Özdemir, la question du Nord Stream 2 et du rôle de Vladimir Poutine et d’autres « dirigeants autoritaires » constitue un critère fondamental pour les Verts. Et de préciser que « nous nous situons dans la tradition de la diplomatie allemande en ce qui concerne les liens avec l’Occident ».

Une ligne similaire a été exprimée par Joschka Fischer, ancien ministre allemand des Affaires étrangères (1998 à 2005) et atlantiste forcené. Pour lui, une telle coalition n’est pas « une option sérieuse ». La Gauche « est partagée entre l’Occident et des rêves romantiques sur la Russie et Poutine. […]. Il en va de même pour sa position sur Israël, qui n’est pas négociable. » Il fait allusions à la position pro-palestinienne du parti de gauche.

Les propos de Robert Habeck ont suscité une réponse immédiate sur Facebook de l’ancien ministre des Finances Oskar Lafontaine (1998-1999), l’une des principales figures des Linke : « Le fait que les Verts, dans le sillage des États-Unis, prônent une approche d’affrontement vis-à-vis de la Russie et prévoient dans leur programme l’autorisation de faire des guerres contraires au droit international, sans mandat de l’ONU » est un obstacle à toute coalition avec La Gauche qui, elle, dénonce clairement ces guerres illégales.

L’ancienne présidente du groupe Linke au Bundestag, Sahra Wagenkecht, qui reste influente au sein du parti, s’est exprimée le 7 mai dans une tribune de Focus. Elle rappelle que la dernière fois que les Verts ont participé au gouvernement national, de 1998 à 2005, ils approuvèrent la participation de l’Allemagne à des guerres contraires au droit international (par exemple, contre la Serbie en 1999 et l’Afghanistan en 2001). Wagenknecht a notamment mis en garde contre l’appel d’Annalena Baerbock à « augmenter la pression sur la Russie » et à lui imposer des sanctions plus sévères. En outre, elle est favorable à « des interventions militaires européennes conséquentes à l’étranger », bien qu’ « aucune des guerres occidentales, de l’Afghanistan à l’Irak en passant par la Libye, n’ait rendu le monde meilleur ».

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