Allemagne : la coalition entre SPD et Verts déjà mise à mal

Pendant leurs premières semaines au pouvoir à Berlin, les Verts ont amplement affiché leur allégeance aux élites financières derrière le « Green Deal » et au parti de la guerre transatlantique. C’est particulièrement flagrant dans leur position vis-à-vis de la Russie, alors que leur programme « climatique » et énergétique, s’il est mis en oeuvre, aura des conséquences dévastatrices. Cela promet de gros problèmes pour la coalition dirigée par le social-démocrate Olaf Scholz. La dernière controverse en date a éclaté autour de l’élection du président fédéral en février, les Verts ayant menacé de ne pas voter la reconduction de l’actuel président Frank Walter Steinmeier, du SPD. Ce dernier est actuellement le plus populaire des dirigeants politiques allemands, notamment parce qu’il défend une politique de dialogue et de coopération avec la Russie. Le remplacer à un moment si critique dans les relations Est-Ouest aurait un effet déstabilisateur certain sur le gouvernement de coalition.

D’autant plus que les Verts promeuvent une politique antirusse notoire, appelant à soutenir l’Ukraine et à l’expansion de l’OTAN vers l’Est, ainsi qu’au stationnement de nouveaux missiles nucléaires américains sur le territoire allemand.

Aussi le chancelier Scholz envisage-t-il de se charger lui-même du dialogue russo-allemand à la place de la malheureuse ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock. Selon le Bild, il voudrait donner « un nouveau départ » aux relations avec Moscou en accordant le feu vert au gazoduc Nord Stream 2 (auquel s’oppose farouchement Baerbock) et en promouvant les accords de Minsk sur l’Ukraine. En outre, une rencontre entre le président Poutine et le chancelier devrait être organisée avant la fin janvier. Peu après cet avertissement de Scholz, les Verts ont accepté de soutenir la candidature de Steinmeier. En ce qui concerne la Chine, le ministre de l’Economie Robert Habeck (Verts) et Annalena Baerbock ont des positions résolument hostiles, ayant évoqué de nouvelles sanctions pour violations présumées des droits de l’homme. Alors que Baerbock envisage un boycott diplomatique des Jeux olympiques à Beijing, Scholz a rejeté cette option. En exprimant l’espoir que les relations bilatérales se déroulent au niveau des chefs de gouvernement, Xi Jinping a discrètement reconnu cette divergence.

Quant à la question énergétique, le chancelier Scholz avait déclaré peu avant Noël que si son gouvernement s’en tiendrait à l’abandon total du nucléaire, il accepterait le maintien par la France de son programme nucléaire. Or, différents dirigeants des Verts poussent le gouvernement à mettre son veto à toute décision de la Commission européenne (prévue pour la mi-janvier) d’inclure le nucléaire dans sa « taxonomie » des sources d’énergie durables. Là encore, Scholz pourrait être tenté de prendre en mains les relations franco-allemandes pour éviter des dégâts potentiellement irréparables.

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