Zepp-LaRouche : démanteler l’OTAN pour résoudre les tensions avec la Russie

Au cœur de la montée des tensions entre les Etats-Unis et la Russie autour de l’Ukraine, se trouve la proposition du président Poutine de signer avec les Etats-Unis et l’OTAN des traités garantissant la sécurité de la Russie. Le sujet n’est pas nouveau, il avait déjà fait l’objet d’entretiens en février 1990, lorsque le secrétaire d’Etat américain de l’époque, James Baker, avait promis que l’OTAN ne s’étendrait « même pas d’un centimètre » vers l’Est si l’Union soviétique acceptait la réunification de l’Allemagne. Depuis, cet engagement a été violé à maintes reprises et l’OTAN a effectivement progressé de 1000 km vers l’Est.

Aujourd’hui, la proposition de faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN et la perspective d’y installer, même avant cela, des armes avancées, amènent Vladimir Poutine à réclamer à nouveau des accords écrits noir sur blanc. Le déploiement de missiles (peut-être même nucléaires) en Ukraine, capables d’atteindre Moscou en quatre ou cinq minutes, constitue indéniablement une « ligne rouge » pour la Russie. Pour le Kremlin, l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN n’est pas négociable.

Ce problème a été soulevé par Helga Zepp-LaRouche dans son dialogue hebdomadaire en ligne du 13 janvier. Le danger, selon elle, vient avant tout de l’arrogance du « parti de la guerre » dans la région transatlantique. Le secrétaire d’État Anthony Blinken et les principaux dirigeants de l’OTAN, comme Jens Stoltenberg, estiment en effet que les États-Unis doivent rester la puissance mondiale dominante et que leur « victoire » dans la Guerre froide leur donne le droit de forcer les autres puissances à se soumettre à leur monde unipolaire. Or, estime Helga Zepp-LaRouche, la montée en puissance économique de la Chine, la modernisation des forces armées russes et l’alliance de ces deux nations souveraines constituent une menace pour cet ordre unipolaire, d’autant plus que le système financier occidental qui le soutient est au bord de l’effondrement.

Ceci a amené Mme Zepp-LaRouche à poser cette question pertinente : est-ce vraiment raisonnable, pour les nations européennes, de rester dans une alliance militaire qui cherche à lancer en Europe une guerre qui conduirait à leur destruction ? Dans cette situation, on devrait plutôt remplacer l’OTAN « par une nouvelle architecture de sécurité garantissant la survie et les intérêts sécuritaires de tous ».

En s’appuyant sur l’expérience historique pour illustrer son argument, elle proposa de comparer la paix de Westphalie de 1648, qui mit fin à la guerre de Trente Ans, au Traité de Versailles, à la fin de la Première Guerre mondiale. Le traité de Westphalie partait du principe qu’« au nom de la paix, on doit pardonner tout ce qui a été fait par l’une ou l’autre partie » et « prendre en compte l’intérêt de l’autre (…) parce qu’aucune paix durable n’est possible si l’on ignore et méprise les intérêts sécuritaires » des autres nations.

Par contre, pour les vainqueurs de la Première Guerre mondiale, l’Allemagne étant accusée d’être seule responsable de la guerre, ils lui imposèrent des réparations punitives écrasantes, ce qui allait plonger le pays dans une hyperinflation qui provoqua la dépression et le chaos social, ouvrant ainsi la voie à la montée des nazis.

Aujourd’hui, au lieu de penser qu’on puisse aboutir à la paix en imposant un ordre unipolaire soutenu par la puissance militaire des Etats-Unis et de l’OTAN, qui eux servent les intérêts financiers de la City, de Wall Street et de la Silicon Valley, « nous avons besoin d’une architecture sécuritaire qui prenne en compte l’intérêt de tous, y compris la Russie et de la Chine ». Ainsi, au fâcheux réflexe de chercher des solutions militaires aux crises économiques, se substituera la coopération mutuellement bénéfique, « qui représente la seule voie viable vers la paix ».

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