« Le système européen ne peut pas fonctionner »
Avant de participer au Forum Ibn-Sina à Kaboul (voir ci-dessous), l’ancien directeur exécutif de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Pino Arlacchi, a assisté au XVIème Forum eurasiatique à Samarkand du 3 au 5 novembre. A cette occasion, il a accordé un entretien à Ottolina TV, où il a abordé, entre autres, l’effondrement du paradigme occidental, la politique étrangère de la Chine et la trajectoire suicidaire de l’Union européenne.
En ce qui concerne ce dernier point, la grande question pour l’Europe est de savoir si elle suivra les États-Unis dans leur déclin, a observé Pino Arlacchi, comme semble l’indiquer son comportement de « vassal ». Pour éviter ce sort, il est convaincu que l’UE en tant que telle doit subir un changement profond. Le système actuel, dit-il, « repose sur l’effort de créer les États-Unis d’Europe », ce qui ne peut pas fonctionner. Les raisons qu’il avance sont connues des lecteurs de notre lettre :
« Cela ne peut pas fonctionner parce que : 1) Nous ne sommes plus à l’époque des grandes fédérations, et 2) l’Europe est composée d’États individuels qui peuvent très bien partager des zones communes et se coordonner entre eux, sans avoir besoin d’un gouvernement commun. C’est tellement vrai qu’une bonne partie des politiques nationales sont les mêmes. Il n’est pas nécessaire de créer ce pouvoir supranational, cette bureaucratie qui peut commettre de terribles erreurs et qui peut être beaucoup plus facilement conditionnée que les gouvernements des pays individuels.
« C’est pourquoi nous devons vraiment repenser les fondements de l’idée européenne. Nous avons créé des institutions absurdes du point de vue européen, la Cour européenne des droits de l’homme en étant l’exemple le plus scandaleux. Les décisions de ce tribunal ne valent pas le papier sur lequel elles sont écrites. Les pays européens disposent chacun, pour défendre les droits des citoyens, de systèmes très solides, qui sont les plus avancés au monde. (…) C’est Soros qui a créé cette institution [la CEDH], ce qui est paradoxal : 40 % de ses membres ne sont pas des juges, ni même des avocats ; ce sont d’anciens militants de Soros. »