Washington en pleine turbulence politique

A sept mois des élections présidentielles, face à deux candidats tout aussi impopulaires, les divisions au sein des deux partis au Congrès ne cessent de croître. Au centre des désaccords, le fait que la guerre contre la Russie en Ukraine est perdue, et que le soutien de Washington au nettoyage ethnique à Gaza rend l’Amérique complice d’un « cas plausible de génocide ».

La bataille la plus immédiate porte sur le projet de loi de financement proposé par le président Biden, qui prévoit d’accorder plus de 60 milliards de dollars d’aide à l’Ukraine et plus de 14 milliards de dollars à Israël, ainsi que des montants moindres pour Taïwan et pour la protection des frontières américaines. Les républicains alliés à Donald Trump et à son mouvement MAGA ont bloqué le financement pour l’Ukraine et menacent d’évincer le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson (également républicain), s’il cède aux pressions des néoconservateurs dans les deux partis pour le soutenir. Les partisans du projet de loi font valoir que l’Ukraine ne peut plus se défendre faute d’armes et d’argent, et que le président Poutine, à moins de l’arrêter maintenant, s’attaquera aux pays de l’OTAN en Europe de l’ouest.

En envisageant un compromis consistant à transformer le financement en « prêt-bail », Mike Johnson a suscité une grande colère dans le camp républicain (même si Donald Trump l’avait proposé le premier), au motif que l’Ukraine ne pourra jamais rembourser ce prêt. L’autre proposition de Johnson consiste à présenter des projets de loi de financement distincts pour l’Ukraine et Israël, ce dernier bénéficiant d’un large soutien. Toutefois, les deux conflits sont de plus en plus impopulaires au sein de la population. Il ressort des sondages que près des trois quarts des électeurs républicains s’opposent à l’augmentation des dépenses en faveur de l’Ukraine, tandis que les démocrates contestent le soutien à la politique d’Israël.

Dans les deux cas, on redoute avant tout que le conflit ne mène à une véritable guerre mondiale. L’attaque meurtrière d’Israël contre le consulat iranien en Syrie et les représailles de Téhéran montrent à quel point cette crainte est réelle.

Entre-temps, le premier des procès juridiques contre Donald Trump a commencé le 15 avril à Manhattan, ajoutant aux turbulences politiques. Inculpé de 34 chefs d’accusation pour falsification de documents commerciaux, liés à un versement présumé à la star pornographique Stormy Daniels pour étouffer une liaison datant de 2006. L’ancien Président est tenu d’être présent au tribunal quatre jours par semaine durant tout le procès, qui pourrait durer six semaines. Trois autres procès sont prévus, ce qui donne à Trump de bonnes raisons de dire qu’il est victime d’une chasse aux sorcières menée par l’administration Biden et le département de la Justice.

Dans un environnement aussi chargé en émotions, nul ne s’attend à un débat d’idées sérieux entre les principaux candidats à la présidence, au contraire.

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