Une force unifiée pour arrêter la course folle vers la guerre nucléaire

C’est une véritable déclaration de guerre contre la Russie que les ministres des Affaires étrangères du G7 et le plus haut diplomate de l’UE ont publié à l’issue de leur réunion du 14 mai en Allemagne. Accusant Moscou d’être le seul responsable de l’escalade en Ukraine, ils rejettent toute offre de négociation en affirmant : « Nous ne reconnaîtrons jamais les frontières que la Russie a essayé de modifier au moyen d’une agression militaire et nous respecterons notre engagement visant à soutenir la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, notamment en Crimée, et de tous les États. »

Le lendemain, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères des membres de l’OTAN à Berlin, le secrétaire général de l’Organisation, Jens Stoltenberg, a déclaré que l’offensive de Moscou était en train d’échouer et que l’Ukraine « peut gagner cette guerre ». Pour l’aider dans ce but, a-t-il dit, les Alliés ont fourni « une aide en matière de sécurité de plusieurs milliards de dollars » et formé « des dizaines de milliers d’Ukrainiens ».

Il est illusoire de penser que les forces ukrainiennes puissent contraindre la Russie à capituler et à renoncer à toutes ses revendications, quelles que soient les quantités d’armes et de forces spéciales fournies par l’Occident. S’en prendre à la Crimée et à la base navale de Sébastopol signifierait la guerre mondiale, comme le sait tout chef militaire un tant soit peu compétent.

Au lieu de rechercher un règlement négocié du conflit, ce qui était l’objectif déclaré de la plupart des dirigeants européens au départ, l’Occident poursuit une politique dite « de la corde raide nucléaire », qui rappelle l’époque de la guerre froide. Cette approche est basée sur le chicken game, un jeu dangereux dans lequel deux voitures foncent l’une vers l’autre, jusqu’à ce que l’une d’elles dévie de sa trajectoire (« se dégonfle ») pour éviter l’accident, perdant ainsi la partie. Mais si aucun des chauffeurs ne s’écarte à temps, c’est la mort pour les deux.

Comment expliquer autrement cet empressement effréné à vouloir intégrer la Finlande et la Suède dans l’OTAN, renonçant ainsi à leur précieuse neutralité, alors qu’il est généralement admis que la Russie ne représente aucune menace pour elles (voir AS 19/22) ? Cette décision constitue la sixième étape de l’expansion de l’Alliance occidentale vers l’est et les frontières russes depuis 1990, en violation des engagements pris à l’époque. Le plus scandaleux est que l’Ukraine et sa population soient devenues les pions de ce jeu cynique. Et après la Russie, la cible ultime du parti de la guerre est la Chine.

Heureusement, on voit de plus en plus d’individus et d’organisations, aux États-Unis et en Europe, s’élever contre ce bras de fer, mais elles restent disparates et inorganisées. L’Institut Schiller se donne donc pour objectif de les réunir pour former une force cohérente au niveau mondial, exigeant un plan de paix et de développement mutuel. C’est cette initiative qui sera discutée lors du webinaire du 26 mai (voir ci-dessus).

Print Friendly, PDF & Email