Une course contre la montre pour sauver des vies en Afghanistan

Une vidéo dramatique de 30 secondes a été postée le 5 janvier par le Programme alimentaire mondial (PAM), montrant des enfants afghans affamés, avec le texte suivant : « La situation en Afghanistan a peut-être disparu de la une des médias, mais ne laissez pas les familles afghanes disparaître de vos pensées. 8,7 millions de personnes sont au bord de la famine. Relisez bien cela : 8,7 millions de personnes sont au bord de la famine. Ce que nous faisons aujourd’hui peut changer le destin de plus de 23 millions de personnes. Agissez maintenant. »

Le directeur exécutif du PAM, David Beasley, s’efforce inlassablement de recueillir des dons permettant de sauver des vies en Afghanistan, dont l’économie a été ravagée par 20 ans de guerre et d’occupation militaire menées par les États- Unis et l’OTAN. Hormis ces près de 9 millions de personnes déjà en situation de quasi-famine, souligne Beasley, sur une population de 38 millions, 23 autres millions « marchent vers la famine ».

Et pourtant, ces puissances occidentales à l’origine du désastre refusent non seulement de débloquer les 9 milliards de dollars de réserves appartenant à la Banque centrale afghane, actuellement détenus dans des institutions financières internationales (principalement américaines), mais elles imposent encore au gouvernement taliban des sanctions qui reviennent à couper le pays de tout commerce extérieur.

Le Comité international de secours (IRC) se mobilise de son côté. Dans sa nouvelle liste de surveillance du 7 janvier, l’Afghanistan est classé comme le pays le plus exposé à une aggravation de la crise humanitaire en 2022. Il précise que plus de 90 % des cliniques existantes risquent de fermer, « privant des millions de personnes de soins de base, compromettant la lutte contre la COVID-19 et créant un risque majeur d’épidémies, de malnutrition et de décès évitables ».

Cette situation démontre l’hypocrisie des donneurs de leçons qui affirment que les sanctions servent à punir les Talibans pour les violations des droits humains à l’encontre des femmes et des enfants. Comme le note l’IRC : « A mesure que les ressources se raréfient et que les besoins restent insatisfaits, les femmes et les filles en Afghanistan sont désormais plus exposées à la violence sexiste, au mariage des enfants, à l’exploitation et aux abus. L’effondrement du système de santé pourrait réduire à néant les progrès réalisés dans des domaines tels que la santé maternelle. »

Face à la pression internationale, les États-Unis ont finalement accepté, le 24 décembre, de voter une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU, exemptant l’aide humanitaire et autres activités liées aux besoins humains fondamentaux, des sanctions interdisant toutes transactions financières ou économiques avec les institutions associées aux Talibans.

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