Un an après, Washington refuse toujours de dégeler les avoirs de l’Afghanistan

Douze mois après le retrait chaotique d’Afghanistan des troupes américaines et de l’OTAN, la situation sur le terrain reste désastreuse. Près de la moitié de la population est menacée de famine, selon le Programme alimentaire mondial, et environ deux tiers ont besoin d’aide médicale humanitaire cette année. Or, l’administration Biden refuse de lever les sanctions et les autres mesures prises pour « punir » le gouvernement taliban.

Le plus scandaleux, c’est qu’elle refuse de débloquer les près de sept milliards de dollars d’actifs de la Banque centrale afghane détenus dans des banques américaines, saisis illégalement il y a un an. Cela a été confirmé le 15 août par Thomas West, le représentant spécial du département d’État américain en Afghanistan, dans des remarques au Wall Street Journal. La banque centrale est, selon lui, incapable de « gérer les actifs de manière responsable ».

L’administration Biden compte utiliser plus de la moitié de ces sept milliards pour indemniser les familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, bien que la population afghane ne soit, évidemment, en rien responsable de ces actes terroristes. Dans une lettre datée du 16 août, environ 80 de ces familles ont demandé au président Biden de rendre cet argent aux Afghans, estimant qu’il était « juridiquement suspect et moralement incorrect » de l’utiliser pour dédommager les proches des victimes.

Ironie de l’histoire ? On notera que la saisie illégale de ces milliards de dollars appartenant légitimement au peuple afghan, qui auraient pu servir à importer de la nourriture et des médicaments et à payer les salaires des fonctionnaires, est l’une des principales raisons pour lesquelles les pays en dehors du monde transatlantique se retournent contre les États-Unis et leur « ordre fondé sur les règles » arbitraires, pour se tourner vers la Chine et la Russie, considérées comme des alliés plus fiables. Washington ne l’avait peut-être pas prévu ainsi, mais il n’est pas trop tard pour revenir sur cette décision…

Print Friendly, PDF & Email