Allemagne : incertitude sur l’avenir des Verts dans la coalition au pouvoir

Depuis les pertes conséquentes subies par les Verts, le SPD et le FDP lors des élections législatives en Bavière et en Hesse le 8 octobre dernier, les analystes s’interrogent sur les répercussions inévitables que cela aura sur un gouvernement fédéral formé d’une coalition de ces trois partis. On parle beaucoup de remaniement ministériel, voire de remplacer la coalition actuelle.

En effet, parmi la base du FDP, ils sont de plus en plus nombreux à réclamer que le parti quitte le gouvernement, tenu pour responsable de ses débâcles électorales (voir AS 45/23). Plus récemment, un autre scénario de remplacement a été envisagé : une « grande coalition » entre chrétiens-démocrates (CDU-CSU) et sociaux-démocrates (SPD), éventuellement renforcée par le FDP.

Cette option s’est imposée suite à l’annonce du Premier ministre CDU de Hesse, Boris Rhein, affirmant brutalement, le 10 novembre, son intention d’abandonner l’actuelle coalition avec les Verts pour s’allier au SPD. Les Verts se trouveraient donc exclus, ainsi que certains de leurs projets favoris, comme l’immigration sans restriction, l’écologisme radical au détriment des intérêts des agriculteurs et la préférence pour les politiques climatiques. Ce dernier point figure en bas de la liste des 10 points d’accords passés entre la CDU et le SPD en Hesse. Evidemment, cela ne concerne que le Land de Hesse, mais pourrait préluder à la formation d’un nouveau gouvernement sans les Verts au niveau fédéral également — peut-être bien avant les prochaines élections nationales prévues à l’automne 2025.

De plus en plus de citoyens allemands seraient favorables à un changement de gouvernement, comme le confirme un sondage d’opinion publié la semaine dernière par Deutschlandtrend de la chaîne ARD : 41 % des personnes interrogées sont favorables à des élections anticipées, et seulement 32 % souhaitent voir le gouvernement actuel rester au pouvoir. Bien que 62 % des partisans du SPD se disent actuellement opposés à un changement, ce pourcentage devrait diminuer dans les semaines à venir.

La présidente du SPD en Hesse, Nancy Faeser, qui est également ministre de l’Intérieur du gouvernement fédéral, a d’ailleurs approuvé la formation d’une coalition avec la CDU. Il est peu probable qu’elle ait pu approuver l’expulsion des Verts sans au moins l’accord tacite du chancelier SPD Olaf Scholz, car tous deux sont bien conscients des répercussions politiques d’un tel changement pour les Verts au sein du cabinet. Quelques jours avant les élections du 8 octobre, le Premier ministre Boris Rhein avait déclaré que son programme politique incluait un retour à l’énergie nucléaire et au développement de la fusion thermonucléaire, véritable ligne rouge pour les Verts ! Il reste à voir dans quelle mesure le SPD, dans le futur cabinet de Hesse, serait prêt à revenir sur son opposition de longue date au nucléaire. Dans la « grande coalition » siégeant à Berlin, dans le Bundestag actuel, la CDU-CSU et le SPD disposent d’une nette majorité, avec 403 sièges contre 331 pour tous les autres partis réunis…

Print Friendly, PDF & Email