Réforme des retraites : Emmanuel Macron se plie aux ordres de Bruxelles

Au cours du Semestre européen 2019, 15 pays de l’UE ont été invités à réformer leur système de retraite. À ce jour, seuls six d’entre eux ont « explicitement » prévu de le faire, les neuf autres étant en retard (Allemagne, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Pologne et République tchèque).

Alors que l’UE se prépare à mettre en place une économie de guerre et que les taux de natalité devraient continuer à baisser, les technocrates de Bruxelles en concluent que les finances publiques ne seront plus viables, vu le vieillissement des populations. Et par ricochet, si les finances publiques sont plombées, les investisseurs se tourneront vers les taux d’intérêt élevés offerts par les États-Unis, menaçant ainsi l’existence de la zone euro.

En France, la Première ministre Elisabeth Borne a présenté son plan de réforme des retraites, qui porterait l’âge minimum légal de départ de 62 à 64 ans d’ici 2030, au rythme de 3 mois par an à compter du 1er septembre 2023. Ceci, pour assurer « la stabilité financière du système des retraites » à long terme.

Par conséquent, huit grands syndicats français ont appelé à une journée de grèves et de manifestations le 19 janvier. L’on prévoit que des centaines de milliers de personnes descendront dans la rue et que des grèves paralyseront les raffineries de pétrole, les transports, l’éducation et bien d’autres secteurs, mais l’unité entre les syndicats reste fragile, le seul point d’accord entre les deux principaux, CGT et CFDT, étant le refus du projet actuel. La CFDT « réformiste » soutient le principe de la réforme, mais pas la proposition défendue par Emmanuel Macron.

Côté politique, Jean-Luc Mélenchon, de La France insoumise (LFI), qualifie cette réforme de « grave régression sociale », et l’ensemble de la gauche, de LFI aux Verts, appelle à manifester le 19 janvier. Quant au RN, Marine Le Pen a tweeté : « Les Français peuvent compter sur notre détermination pour faire barrage à cette réforme injuste. »

Le projet de loi sera officiellement déposé le 23 janvier, suivi de l’ouverture début février des débats parlementaires, qui seront limités à 20 jours. Preuve de plus, pour l’opposition, de la volonté du gouvernement d’« étouffer » le débat. Pour obtenir la majorité, le groupe macronien a besoin des voix des Républicains, qu’ils se sont engagés à fournir. Mais des fissures apparaissent déjà, car leurs députés des zones rurales (la plupart d’entre eux) craignent fort de se faire évincer aux prochaines élections par le RN s’ils votent pour la réforme. Sans majorité, le gouvernement pourrait quand même l’imposer par décret (article 49-3), mais sous peine de démontrer son manque de soutien.

Pour une réfutation claire et concise des arguments financiers du gouvernement en faveur de son projet, voir la déclaration de Jacques Cheminade ici.

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