Qu’est-ce que la « solution LaRouche » ?

Cette idée d’une « année LaRouche » lancée par son épouse Helga n’est pas une proposition purement honorifique, motivée par la volonté d’accorder à ce géant intellectuel, Lyndon LaRouche (1922-2019), la reconnaissance qu’il mérite amplement. Il s’agit en réalité d’une démarche capitale, visant à fournir aux dirigeants du monde et aux citoyens de bonne volonté la vision en profondeur indispensable pour écarter le danger de guerre thermonucléaire.

Lyndon LaRouche possédait une compréhension tout à fait unique de la dynamique façonnant l’histoire de l’humanité, lui permettant de saisir dans sa globalité l’interaction entre relations stratégiques, processus financiers et économiques, progrès scientifique et culture. Les solutions qu’il a élaborées pour résoudre la crise civilisationnelle qui ne cesse de s’aggraver depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, et surtout depuis l’assassinat du président John Kennedy en 1963, sont redevables à son « approche par le haut », approche que peu de personnes aujourd’hui savent apprécier, et encore moins reproduire. C’est pourquoi la crise actuelle exige de retrouver cette qualité de rigueur philosophique et scientifique qui a caractérisé ses abondantes contributions depuis plus d’un demi-siècle. Nous ne pouvons donner ici qu’un modeste aperçu de son travail. Nous espérons cependant que cette esquisse d’une analyse qu’il avait présentée lors d’un webinaire, le 23 décembre 2011, inspireront à nos lecteurs le désir de se colleter sérieusement avec le mode de penser que nous a légué Lyndon LaRouche. On peut retrouver son intervention sous le titre « Pour arrêter la guerre thermonucléaire, réalisons une reprise économique mondiale » (https://larouchepub.com/lar/2012/webcasts/3901emrgcy_recov_111223.html).

Dès le départ, LaRouche y attribue la recrudescence du risque de guerre de l’époque à la volonté d’une oligarchie mondiale, centrée dans la City de Londres, « d’éliminer deux nations – la Russie et la Chine ». Depuis 2007 et la crise financière qui avait alors éclaté dans le monde transatlantique, cette oligarchie avait injecté dans le système des volumes sans précédent de liquidités, non pas pour relancer l’économie réelle physique, mais pour maintenir l’illusion de la solvabilité de ses titres financiers totalement pourris. Il était clair, à l’époque comme aujourd’hui, que la Russie et la Chine n’accepteraient pas cette combine de renflouement des prédateurs. D’où l’intention de les éliminer en tant que nations souveraines.

Ce processus décrit par LaRouche allait s’intensifier suite au quasi-effondrement financier de septembre 2019. Là encore, la Russie et la Chine représentaient les principaux obstacles à une dictature financière mondiale (présentée comme la « Grande réinitialisation »), chargée de mettre en oeuvre le Green New Deal malthusien. C’est dans ce contexte qu’il faut situer les provocations actuelles contre la Russie, via l’Ukraine, et la Chine, via Taïwan. Déjà en 2011, pour ôter leur pouvoir de nuisance aux prédateurs de la City et de Wall Street, appuyés sur l’OTAN, les forces armées américaines et les opérations de service secret (notamment les « changements de régime »), LaRouche proposait une alliance entre quatre puissances, Russie, Chine, Inde et États-Unis affranchis de la géopolitique de l’Empire britannique. Ces nations possédaient en effet la puissance économique potentielle nécessaire pour réaliser la transition vers un nouveau paradigme. Les mesures d’urgence que LaRouche proposait dans ce but sont résumées dans ses « Quatre principes économiques » (https://solidariteetprogres.fr/nos-actions-20/partenaires/Europe-quatre-principes-economiques-LaRouche-sortir-crise.html), dont le premier prévoit la mise en faillite du système financier actuel en appliquant une politique de séparation bancaire de type Glass-Steagall.

A condition de le faire de manière coordonnée, on pourrait alors éliminer les dettes fictives enjolivant les bilans des institutions financières et émettre du crédit productif par le biais de banques nationales souveraines. Chaque nation créerait du crédit destiné à une reprise économique réelle, privilégiant de nouvelles plateformes d’infrastructure et la recherche scientifique de pointe, notamment l’exploration spatiale et la fusion nucléaire.

Il n’existe pas d’alternative viable à cette « solution LaRouche ». Risquer la guerre thermonucléaire pour maintenir à flot un système en banqueroute est une option inacceptable. Les cinq grandes puissances nucléaires arrêteront-elles l’engrenage de guerre ? Le 3 janvier 2022, les chefs d’État et de gouvernement des cinq grands pays dotés de l’arme nucléaire, qui sont également les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, ont publié une déclaration affirmant, pour la première fois, que « la guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée ». Ils affirment en outre que les armes nucléaires « doivent servir à des fins défensives, de dissuasion et de prévention de la guerre » et qu’il faut en prévenir la propagation.

Les cinq dirigeants mondiaux expriment l’intention de « continuer à rechercher des approches diplomatiques bilatérales et multilatérales pour éviter les affrontements militaires, renforcer la stabilité et la prévisibilité, accroître la compréhension et la confiance mutuelles, et prévenir une course aux armements qui ne profiterait à personne et nous mettrait tous en danger ».

Dans un contexte de tensions grandissantes entre l’OTAN, d’une part, et la Russie et la Chine de l’autre, cette concertation est la bienvenue. Elle a été précédée d’un appel téléphonique de 50 minutes entre les présidents Biden et Poutine le 30 décembre. Espérons que cette nouvelle initiative contribuera à refréner les tentatives du « parti de la guerre » (incarnation du complexe militaro-financier élargi) de provoquer des conflits armés autour de l’Ukraine ou de Taïwan. Cet esprit devrait en tout cas présider aux trois réunions prévues la semaine prochaine pour discuter des différentes propositions sécuritaires mises en avant par la Russie. Le 10 janvier, des pourparlers bilatéraux sur le contrôle des armements et l’Ukraine se dérouleront à Genève entre hauts fonctionnaires américains et russes, suivis deux jours plus tard par la réunion du Conseil OTAN-Russie, puis, le lendemain, par des discussions entre représentants russes et de l’OSCE. Par ailleurs, des responsables français, allemand et russe s’entretiendront au sujet de l’Ukraine, le 6 janvier à Moscou.

Ces initiatives diplomatiques n’arrivent pas trop tôt. Le 17 décembre, la Russie avait rendu publics deux projets de traités sur la sécurité, l’un avec les Etats-Unis, l’autre avec l’OTAN, suivis d’une cascade de mises en garde particulièrement sévères (voir AS 51-52/21). Lors d’une interview accordée le 26 décembre à la chaîne Rossiya-1, Vladimir Poutine a expliqué pourquoi son gouvernement exige des garanties de sécurité de la part des Occidentaux, ce qui est présenté comme une « ligne rouge » : « Je veux que tout le monde, tant dans notre pays qu’à l’étranger, que nos partenaires comprennent bien : il ne s’agit pas d’une ligne que nous ne voulons pas voir franchie par quiconque. Le fait est que nous n’avons aucun endroit où reculer. » Selon lui, « on nous a repoussés jusqu’à une ligne telle que nous n’avons nulle part où aller ». Il faisait ainsi référence à la menace de l’OTAN de déployer de nouveaux systèmes de missiles « à une distance de quatre à cinq minutes de vol de Moscou ». La prochaine étape des efforts pour éviter la guerre entre superpuissances devrait être un sommet des chefs d’État et de gouvernement de ces cinq membres permanents du Conseil de sécurité, ainsi que le réclament notre lettre et l’Institut Schiller depuis maintenant deux ans, depuis janvier 2020 et l’escalade des tensions à l’époque.

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