Quand Kiev menace l’Institut Schiller et autres « terroristes de l’information »

Comme indiqué plus haut, les 30 premiers noms de la liste noire publiée le 14 juillet par le Centre de lutte contre la désinformation de Kiev sont tous des intervenants à de récentes conférences internationales de l’Institut Schiller. Ce seul fait confirme le rôle clé de l’IS dans les efforts pour rechercher une solution diplomatique à la guerre en Ukraine, tout en montrant comment les puissances occidentales et l’OTAN instrumentalisent ce conflit pour détruire la Russie et imposer leur « ordre fondé sur les règles ».

Le CCD a été créé en avril 2021, mais selon Andriy Yermak, chef de cabinet du président Zelensky, l’idée était « en gestation depuis 2014 ». Autrement dit, depuis le coup d’État sur le Maidan, dont la préparation avait été financée par le Département d’État américain à hauteur de 5 milliards de dollars, aux dires de Victoria Nuland elle-même.

Certaines des personnes citées considèrent cette liste comme une menace pour leur sécurité personnelle, voire une véritable menace de mort. Andriy Shapovalov, chef par intérim du CCD, a rendu cette menace explicite. Dans une allocution prononcée lors d’une table ronde internationale le 14 juillet (le jour même de la publication de la liste noire), il a qualifié ceux qui diffusent délibérément de la désinformation, de « terroristes de l’information » susceptibles d’être jugés comme des « criminels de guerre ».

Nous citons à cet effet la page « Evenements » du CCD : Shapovalov a souligné devant « les représentants d’autorités publiques, d’organisations publiques, de médias et d’experts internationaux » que « les personnes qui diffusent délibérément de la désinformation sont des terroristes de l’information. (…) Les terroristes de l’information sont avisés qu’ils devront répondre de leurs actes devant la loi en tant que criminels de guerre. »

Le département d’État américain a joué un rôle clé dans l’organisation et le financement de la table ronde au cours de laquelle Shapovalov a prononcé cette menace. Toujours selon le site du CCD, cette conférence a été « soutenue » (c’est-à-dire financée) par le Département d’État américain, tandis que la Civilian Research and Development Foundation (CRDF Global Ukraine), dont le siège est aux États-Unis, était chargée d’organiser l’événement, aux côtés de plusieurs entités ukrainiennes. La CRDF Global Ukraine est une organisation publique-privée « fondée en 1995 en réponse à la dissolution de l’Union soviétique ». Parmi ses bailleurs de fonds figurent officiellement diverses agences du département d’État et du Pentagone, ainsi que le « gouvernement britannique » et son Centre de lutte contre la prolifération des armes.

Dans une lettre ouverte adressée le 27 juillet à ses élus nationaux, l’ancien inspecteur en désarmement de l’ONU Scott Ritter, qui figure également sur la liste noire du CCD, souligne que le Département d’État, dans le cadre de son programme d’aide directe, paie les salaires des fonctionnaires ukrainiens, ce qui inclut « logiquement » les employés du CCD, une organisation qui utilise l’intimidation pour empêcher les citoyens américains d’exercer leur droit à la liberté d’expression. En outre, il note que « l’Ukraine a pour habitude de transformer les ‘listes noires’ en ‘listes de personnes à abattre’, en vertu desquelles les opposants à la politique du gouvernement ukrainien sont assassinés ou menacés de violences ».

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