Protestation contre Robert Habeck : « le peuple n’a pas de charbon »

Décerné une fois par an pour honorer des « essais, critiques et reportages remarquables », le prix Ludwig Börne porte le nom du célèbre journaliste politique et démocrate révolutionnaire de Francfort, Ludwig Börne (1786-1837). Cette année, le lauréat en est le ministre de l’Economie et dirigeant du Parti vert, Robert Habeck, choisi pour cette distinction par Jürgen Kaube, auteur et co-éditeur du Frankfurter Allgemeine Zeitung. C’est la première fois que le prix est décerné à un homme politique en fonction, ce qui a été vivement critiqué, y compris par d’anciens collègues de Kaube. En effet, il est difficile de ne pas voir dans ce choix une tentative de redorer le blason d’une coalition gouvernementale en chute libre.

À l’extérieur de l’église historique Saint-Paul de Francfort, où la cérémonie s’est déroulée le 11 juin, un rassemblement de protestation a eu lieu sous le slogan « Pas de prix pour Habeck — Non à la pauvreté et à la paupérisation ». Parmi les groupes présents, les Citoyens pour Francfort (BFF), l’Alliance pour l’innovation et la justice (BIG), le parti Basis et le Mouvement de solidarité pour les droits civiques (BüSo).

Plusieurs militants, dont Alexander Hartmann du BüSo, ont pris la parole pour expliquer pourquoi Habeck ne mérite aucune récompense, et encore moins le prix Börne. Ont été évoqués non seulement l’affaire scandaleuse du copinage au sein de son ministère (voir AS 23/24), mais aussi les réseaux internationaux commanditaires des politiques mises en œuvre par le ministre, les effets négatifs de cette politique sur la population, qui n’intéressent guère Habeck et ses camarades du Parti vert, et leur soutien à la politique de guerre de l’OTAN.

Alexander Hartmann, pour sa part, a déclaré : « Que M. Habeck le veuille ou non, sa politique conduit de facto à faire revenir notre pays à un stade préindustriel, dans lequel les réalisations civilisatrices considérées comme banales aujourd’hui (que seule la production industrielle de masse a permis de rendre accessibles et abordables au plus grand nombre) seront réservées à une petite élite riche et privilégiée. (…)

« Autrement dit, ils représentent une perspective et une gouvernance contre lesquelles s’est battu le mouvement démocratique, dont l’église Saint-Paul incarne le monument et le mémorial et dont Carl Ludwig Börne était à la fois un pionnier et une voix courageuse. Robert Habeck ne mérite donc pas le prix Ludwig Börne, mais plutôt le prix Marie-Antoinette pour la politique énergétique, suivant la devise : ‘Le peuple n’a pas de charbon ? Qu’il brûle son argent !’ »

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