Pourquoi le président Biden traite ses adversaires de « semi-fascistes »

Dans deux discours récents, le Président américain a sciemment aggravé la polarisation de la politique américaine, en qualifiant les partisans de Donald Trump de « suprémacistes blancs et d’extrémistes » qui incitent à la violence contre leurs adversaires. S’exprimant à Philadelphie le 1er septembre, il a accusé le mouvement de l’ancien Président d’avoir dépassé les bornes de l’admissible en politique, décrivant les « républicains extrémistes de MAGA » comme une menace pour la nation. (MAGA signifie « Make America Great Again », le slogan de la campagne de Trump.)

Quelques jours auparavant, le Président américain avait carrément qualifié les sympathisants de Trump de « semi-fascistes ». Ceci a provoqué des hurlements d’indignation dans le camp républicain, certains responsables se demandant s’il stigmatisait ainsi les quelque 74 millions d’électeurs ayant voté pour Trump en 2020. Sur ce, Joe Biden a tenté de nuancer ses propos, en reconnaissant le 5 septembre que « tous les républicains n’adhèrent pas à l’idéologie extrême » de la base « pure et dure » de Trump. Mais il a néanmoins accusé les républicains MAGA siégeant au Congrès d’être « pleins de colère, de violence, de haine et de division ». Ils « ne se contentent pas de menacer nos droits personnels et notre sécurité économique. Ils embrassent la violence politique », a-t-il affirmé.

Joe Biden, qui aime se décrire comme un « rassembleur », serait poussé à provoquer ses adversaires par des dirigeants démocrates qui tentent de dynamiser la base à l’approche des élections législatives de novembre. Mais la probabilité d’un retour de flammes est grande, d’autant plus que le raid du FBI à Mar-a-Lago est considéré par beaucoup comme une basse manœuvre politique (voir AS 33/22). Par ailleurs, le programme démocrate pour combattre l’inflation infligera sans doute plus de « douleur » aux Américains (pour reprendre l’expression du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell).

Une évaluation plus perspicace de la situation verrait avant tout, dans le raid à Mar-a-Lago et la rhétorique incendiaire de Joe Biden, une tentative de détourner l’attention des graves crises mondiales, guerre en Ukraine, flambée des prix, pénuries d’énergie et de nourriture, etc. Mais au lieu de chercher des solutions, les Américains frappés en masse par ces crises se laissent dévoyer dans des diversions stériles du type « gauche contre droite », pendant qu’une fausse polarisation exacerbe le risque de réactions violentes des deux côtés.

Cette dynamique favorise à son tour l’adoption de mesures policières et la surveillance de la population par les services de renseignement, combinée à une censure grandissante censée conforter les « récits » officiels. Le problème pour les architectes de ce scénario, c’est que la réalité risque de venir discréditer complètement leurs « récits ».

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