Pourquoi le chef de la Marine allemande a dû démissionner

Le battage médiatique ayant obligé le chef de la Marine allemande, le vice-amiral Kay-Achim Schönbach, à démissionner le 23 janvier, est révélateur à bien des égards. Ses propos tenus deux jours plus tôt lors d’une réunion confidentielle avec des diplomates indiens à Delhi, ne contenaient rien de nouveau ni de secret par rapport à ce qu’on peut lire dans de nombreuses publications occidentales sur la défense et la politique étrangère.

Qu’a-t-il dit au juste ? Apparemment sans savoir que son intervention était filmée, il déclara que tous les pays souverains peuvent adhérer à l’OTAN à condition de respecter les normes démocratiques occidentales, et que la Russie n’a « aucun droit de veto » sur ces choix ; que l’idée que Vladimir Poutine veuille « envahir » l’Ukraine « pour une petite bande de terre » est une « ineptie ». Et puis, la partie la plus citée, « la péninsule de Crimée est partie, elle ne reviendra pas » dans le giron de l’Ukraine. Ce que Poutine « cherche vraiment, c’est à être respecté… Et accorder du respect à quelqu’un ne coûte presque rien… Il est facile de lui accorder le respect qu’il exige – et qu’il mérite probablement ». Selon lui, une menace plus sérieuse encore est la Chine : « Même nous, l’Inde, l’Allemagne, avons besoin de la Russie, car nous avons besoin de la Russie contre la Chine ».

Le traitement réservé à l’amiral Schönbach par le gouvernement a été fortement critiqué par l’ancien inspecteur général de l’Armée allemande, Harald Kujat. Dans une interview accordée à tagesschau24, il a déclaré que s’il était encore en fonction, « j’aurais défendu l’amiral Schönbach, et j’aurais essayé d’empêcher sa démission – par tous les moyens ».

Pour le général Kujat, les propos du chef de la Marine ne constitueraient pas vraiment une faute et ne porteraient pas gravement atteinte à la réputation de la Bundeswehr. Pour l’essentiel, ils reflètent la position des États-Unis, et donc celle du « plus proche allié de l’Allemagne ».

Néanmoins, il a été contraint par le gouvernement de démissionner. Le chancelier Scholz lui-même a adopté une position prudente envers la Russie, insistant sur la nécessité d’empêcher une escalade sur l’Ukraine « par tous les moyens possibles », tout en mettant en garde contre les conséquences potentielles de toute sanction financière et économique susceptible d’être imposée.

Dans un article du 22 janvier, Helga Zepp-LaRouche, la présidente de l’Institut Schiller, réaffirme pour sa part que dans les circonstances actuelles, l’OTAN non seulement ne défend pas les intérêts de l’Allemagne en matière de sécurité, mais qu’elle est devenue la « première menace pour l’existence même de l’Allemagne ».

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